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Dans la tête de Stephen Harper

Que se passe t-il dans le tête de Stephen Harper? On dirait que les mécanismes qui avaient fait son succès sont en panne. On pouvait être d’accord ou non avec ses politiques, mais on était obligé de reconnaître que sa cohérence était implacable. Certains parlaient même de dogmatisme tant sa façon de voir les choses était arrêtée.

Puis, les choses se sont mises à mal aller. Une série d’événements, dont le scandale du Sénat, lui a rendu la vie difficile. Depuis, il peine à se relancer. Le vent avait presque changé avec l’annonce de l’entente de libre-échange avec l’Union européenne. La signature de l’accord de principe, vendredi dernier, a suscité une quasi-unanimité. Les conservateurs pouvaient donc respirer un moment et espérer.

Le bonheur a été de courte durée. Le même jour, le magazine Maclean’s révé­lait que le gouvernement du Canada allait contester, entre autres, la règle du 50 % +1 énoncée dans la Loi 99, adoptée par le Québec en 2000. Fini la presse positive au Québec. Même son ministre responsable en a perdu son latin. Denis Lebel n’est pas parvenu à cacher son malaise quand est venu le temps de défendre la position de son gouvernement.

Jusqu’à tout récemment, Stephen Harper était en contrôle de la situation. Même minoritaire, il gouvernait à sa manière. C’était particulièrement le cas en matière de partage des compétences avec les provinces. Pas question de négocier. Il y avait les compétences du fédéral et celles des provinces. Sur sa patinoire, il pouvait mener le jeu à sa guise, et il en allait de même pour les provinces. Il disait pratiquer un fédéralisme d’ouverture.

Mais voilà que les règles ont changé. Difficile de dire à quel moment exactement cela a commencé. Toutefois, le dossier de la Commission des valeurs mobilières peut servir de repère. Son gouvernement, après avoir demandé l’avis de la Cour suprême, a décidé de ne pas tenir compte de l’opinion de la cour et d’aller de l’avant avec un succédané de Commission des valeurs mobilière fédérale. C’est au cours des derniers jours qu’on a vu quel genre de conséquence pouvait avoir cette approche abrasive.

Le dépôt d’une loi omnibus sur les mesures du budget a aggravé les choses. Sans parler de la volonté du gouvernement d’abolir les avantages pour les fonds de travailleurs comme celui de la FTQ, de réduire de 300 M$ le programmes de formation de la main-d’œuvre, de modifier les règles menant à la nomination d’un juge du Québec à la Cour suprême, pas de problème…

Bousiller le principe du fédéralisme de coopération ou du fédéralisme d’ouverture, voilà le bilan du gouvernement Harper depuis cette semaine. S’il voulait reconquérir le Québec après son remaniement de l’été dernier, le Parti conservateur risque plutôt de ne plus y avoir aucun élu après le prochain scrutin. Il devrait rapidement tenter de retrouver ses repères.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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