La montée du Bloc québécois se concrétise, selon un sondage
Quelques jours après le dernier débat des chefs, la performance d’Yves-François Blanchet et de son parti semble marquer les esprits au Québec. Le Bloc québécois se tient solidement en deuxième position dans la province, peu derrière le Parti libéral (PLC), révèle un sondage Métro-Forum Research.
La firme de sondages a interrogé un échantillon de 1001 électeurs québécois dans les derniers jours, concluant que c’est le Parti libéral qui mène toujours dans la Belle province, à six jours du scrutin.
La formation du premier ministre sortant Justin Trudeau se place au premier rang avec 33% des intentions de vote. Le Bloc québécois suit toutefois de très près, avec une portion de 31% de l’échantillon du sondage. Selon Forum Research, ces intentions de vote constituent une égalité, étant donnée la marge d’erreur.
«C’est clair que le Bloc gagne des points depuis le début de la campagne, soutient le professeur en science politique à l’Université Concordia Guy Lachapelle. Ça signifie qu’il va y avoir beaucoup de sièges du Bloc [au Québec] cette fois-ci. Même peut-être plus de sièges bloquistes que libéraux.»
Au Québec, le vote s’étiole après celui qui favorise les libéraux et les bloquistes, selon Forum Research. Les conservateurs obtiendraient 15% du vote, les néo-démocrates, 11%, et les Verts, 7%.
«Le PLC et le Bloc québécois sont à égalité au Québec, ce qui pourrait affecter les chances de réélection libérales», souligne le président de la firme de sondages, Lorne Bozinoff.
Pluralité chez les francophones
Les intentions de vote chez les électeurs francophones du Québec favoriseraient encore plus la formation souverainiste, selon le coup de sonde. Environ 37% de l’échantillon francophone voterait pour le Bloc si les élections étaient tenues aujourd’hui. Les libéraux soutirent moins d’appuis, à 27%.
C’est en banlieue de Montréal que le parti d’Yves-François Blanchet décrocherait le plus de soutien. Près de la moitié (46%) de l’échantillon dans ces régions appuierait le Bloc. À Montréal, ce chiffre s’abaisse à environ 24%, deuxième derrière le 39% du PLC.
Une vague prévisible?
Selon Guy Lachapelle, le Bloc a bien joué ses cartes en appuyant la Loi 21 sur la laïcité et en se présentant comme défenseur de l’environnement.
«Les politiciens fédéraux n’ont pas saisi l’ampleur de l’appui à la Loi 21 et aux questions environnementales. J’ai l’impression qu’ils sont un peu déconnectés de la réalité. C’est dur d’aller contre une majorité de la population» – Guy Lachapelle, professeur en science politique à l’Université Concordia
La tendance actuelle a maintenant ses impacts sur la région de Québec, historiquement conservatrice, selon M. Lachapelle. D’où l’apparition d’Yves-François Blanchet à Lévis, mardi.
D’après l’expert en politique canadienne, la tentative d’Andrew Scheer de rattacher le Bloc au Parti québécois n’a pas eu les effets escomptés.
«Tout le monde a compris depuis des années que la souveraineté ne passe pas par Ottawa», convient-il. Une portion du vote fédéraliste pourrait donc s’accrocher au Bloc, conclut M. Lachapelle.
Un débat et ses impacts
Le débat des chefs de jeudi dernier pourrait avoir propulsé l’équipe d’Yves-François Blanchet. Une proportion de 28% de l’échantillon considère que le chef du Bloc est sorti grand gagnant de cet exercice.
Cela concrétise une montée qui s’observe depuis plusieurs semaines.
Suivent dans l’ordre M. Trudeau (18%), Jagmeet Singh (11%), Maxime Bernier (6%), Andrew Scheer (5%) et Elizabeth May (2%). Andrew Scheer reçoit pour sa part le bonnet d’âne. Un quart de l’échantillon considère que le leader conservateur a perdu le débat.