Élections fédérales: les Canadiens optent pour un gouvernement libéral minoritaire
La formation de Justin Trudeau a obtenu un deuxième mandat au terme de la campagne électorale fédérale. Il se retrouve néanmoins à la tête d’un gouvernement libéral minoritaire qui fera face à une forte opposition conservatrice.
Dès 22:00, lorsque les principaux médias ont annoncé que le prochain gouvernement serait libéral, une foule de militants et de candidats réunis au Palais des congrès ont crié de joie.
«Le fait que nous nous dirigeons vers un gouvernement minoritaire et que les choses vont bien pour nous, ce n’est certainement pas le fruit du hasard», a réagi le candidat libéral élu dans Laurier-Sainte-Marie, Steven Guilbeault. Ce dernier a vanté la mobilisation des candidats de sa formation sur le terrain pendant cette campagne.
«Je pense que ce qui a vraiment marché pour le Parti libéral ce soir, c’est le fait que nous avons une organisation plus forte», a quant à elle fait valoir la députée libérale réélue dans Ahuntsic-Cartierville, Mélanie Joly.
Selon les projections à minuit, lundi, le Parti libéral récolte 157 sièges, suivi par le Parti conservateur, qui en récolte 121. Le Bloc québécois passera vraisemblablement de 10 à plus de 30 députés au terme de ce vote, tandis que le NPD pourrait subir des pertes.
Le premier ministre Justin Trudeau a par ailleurs obtenu un quatrième mandat avec une large avance dans la circonscription de Papineau, où il est allé voter lundi matin.
Changements climatiques
Le Parti libéral a fait de la lutte aux changements climatiques sa carte de visite pendant cette campagne. La formation s’est notamment engagée à planter deux milliards d’arbres d’ici 10 ans et à réduire de moitié le taux d’imposition des entreprises spécialisées dans les technologies vertes. Justin Trudeau s’est par ailleurs engagé à rendre le Canada carboneutre d’ici 2050.
Le bilan environnemental du premier mandat libéral a toutefois été assombri par le projet d’expansion de l’oléoduc Trans Mountain. L’an dernier, le gouvernement libéral a acheté au coût de 4,5 G$ cet oléoduc, qui relie l’Alberta à la Colombie-Britannique.
L’écologiste Steven Guilbeault a d’ailleurs reconnu lundi qu’il sera difficile pour le gouvernement libéral de tenir compte des intérêts économiques de l’ouest du pays tout en assurant la protection de l’environnement. En fin de soirée, lundi, le vote conservateur était en voie de balayer l’Alberta et la Saskatchewan de même que la majeure partie du Manitoba.
«Le défi de la lutte aux changements climatiques et de la transition énergétique est probablement l’un des grands défis de notre époque. Donc, non, ce ne sera pas facile. Mais ce n’est pas parce que ce ne sera pas facile qu’il ne faut pas le faire», a-t-il dit.
M. Guilbeault s’est d’ailleurs montré confiant que le gouvernement libéral pourra aller de l’avant dans les prochaines années avec des mesures environnementales bien qu’il soit minoritaire. Le Parti conservateur, qui représentera une opposition forte, pourrait notamment s’opposer à une hausse éventuelle de la taxe sur le carbone.
«Le Parti conservateur va s’opposer, mais je pense qu’avec les autres partis d’opposition, on va pouvoir avancer», a-t-il dit.
Pendant les débats des chefs, le Parti vert et le Nouveau parti démocratique ont critiqué le manque de cohérence entre les promesses environnementales de M. Trudeau et ses ambitions à l’égard de l’industrie pétrolière. Le Parti conservateur s’est pour sa part engagé à créer un «corridor énergétique» au pays, ce qui aurait possiblement impliqué la construction d’un oléoduc traversant le Québec.
Scandales
Les 40 jours de cette campagne électorale ont donné lieu à une chaude lutte entre le premier ministre et le chef du Parti conservateur, Andrew Scheer. Alors que le Parti libéral a attaqué la position controversée de M. Scheer sur l’avortement, de vieilles photos montrant Justin Trudeau avec un «black face» ont nourri les critiques du Parti conservateur.
La réputation du Parti conservateur a aussi été entachée ce weekend après que le Globe and Mail ait dévoilé qu’une firme de consultants serait derrière une campagne visant à «détruire» la formation de Maxime Bernier.
Plusieurs analystes ont d’ailleurs comparé ces tactiques électorales à celles qui font foi au sud de la frontière.