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«Trauma dumping»: prudence avec les confidences

Photo: iStock

Vous vous êtes déjà senti mal à l’aise, étouffé, stressé par quelqu’un qui vous prenait en otage dans une conversation pour vous déverser ses traumas sans vous laisser placer un mot? Vous avez peut-être été victime de trauma dumping. Mais qu’est-ce que cette pratique et, surtout, comment l’éviter? 

Imaginez-vous tenir un verre contenant un liquide brûlant. Vous éprouvez le besoin de le partager, car il vous brûle les mains. Vous choisissez donc quelqu’un au hasard à n’importe quel moment, dans n’importe quel lieu et vous déversez votre liquide dans son verre sans le laisser vous dire qu’il ne le veut pas. La personne est par la suite prise avec ce liquide brûlant sans possibilité de bien l’absorber. 

C’est un peu ça, le trauma dumping. Pour que ce soit encore plus clair, voici la définition de la psychologue Geneviève Beaulieu-Pelletier : « Le trauma dumping, c’est de partager des contenus émotionnels intenses, traumatiques, dans des moments ou des lieux inappropriés, sans avoir eu la permission de l’autre. » 

Elle précise que certains contenus (des histoires d’abus, de violence, de mort, d’agression, etc.) peuvent être trop chargés. Certaines personnes n’ont pas l’intérêt ou la capacité de les recevoir et se sentent débordées si on les raconte sans leur consentement. 

Comment l’éviter? 

Pour éviter de faire du trauma dumping, il faut s’assurer que notre interlocuteur.trice soit prêt.e à entendre ce qu’on a à exprimer. On s’assure d’abord que le contexte est bon : pas trop de monde autour, du temps et de la place pour discuter. Si le contenu est traumatique, on peut l’en avertir, lui demander son accord pour parler de quelque chose de difficile. On s’assure aussi d’avoir choisi la bonne personne : est-ce un ami proche ou un simple collègue? Lui a-t-on déjà fait des confidences? Comment a-t-il réagi? Que sait-on de son passé, de ses faiblesses, de ses traumatismes à lui? 

Une fois l’interaction entamée, la psychologue souligne l’importance de laisser de la place à l’autre, d’observer ses réactions, de lui demander comment il reçoit ces informations, de le laisser parler. 

« Si on ne fait pas ça, on est en train de faire du dumping, c’est-à-dire qu’on n’est pas intéressé à avoir le point de vue de l’autre, on a juste besoin d’un contenant dans lequel déverser ce qui nous pèse », indique la psychologue. Et la conséquence risque fortement d’être l’éloignement des gens qui n’auront pas envie d’entendre de telles confidences, avertit-elle.  

Travailler sur soi 

Malheureusement, les gens qui pratiquent le trauma dumping ne s’en rendent habituellement pas compte. « Il faut prendre conscience que l’on a tendance à faire ça », recommande Geneviève Beaulieu-Pelletier. Elle poursuit : « Si on voit qu’on a le réflexe de le faire dans plusieurs relations, c’est peut-être signe qu’il faut aller consulter et ainsi faire son dumping en présence d’un professionnel qui va pouvoir aider. » La psychologue croit surtout qu’il faut que nos émotions soient traitées et réfléchies plutôt que simplement déversées, dans ce qui revient à seulement se plaindre. 

Du côté de la personne qui reçoit ce déversement de traumas, il y a aussi un travail à faire, surtout si on a tendance à se retrouver souvent dans ce genre de situation. Il faut en prendre conscience et mettre ses limites. Et si on n’y arrive pas, on doit se demander pourquoi. Par désir de plaire? Par peur d’être rejeté? Explorer ces raisons renforcera sa capacité à établir ses limites, estime Geneviève Beaulieu-Pelletier. 

La psychologue conclut en disant que si l’on veut maintenir la relation avec la personne, mieux vaut communiquer ses limites, exprimer son inconfort ou son incapacité à recevoir. Si on ne tient pas à la relation, on peut tout simplement limiter les occasions d’interaction.

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