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À quand la mode itinérante à Montréal?

Photo: Elisabeth Braw

Les camions qui vendent nourriture et vêtements transforment tranquillement des villes américaines, comme Los Angeles. La tendance a même traversé l’Atlantique. Maintenant qu’un projet pilote pour la bouffe de rue a pris forme ici, peut-on bientôt espérer voir des boutiques mobiles sillonner les rues de la métropole? Notre journaliste se penche sur la question en direct de la Cité des Anges.

Dans la section vêtements du gigantesque marché aux puces Rose Bowl de Los Angeles, Monique Cruz s’affaire dans son camion. Elle ne vend pas de l’usagé; elles s’est spécialisée en mode vintage.

«La réaction depuis que j’ai commencé il y a un an et demi est incroyable, confie-t-elle devant son camion, Selvedge Dry Goods. Le vintage est tendance en raison du ralentissement économi­que et les gens se soucient aussi de l’environnement. Même sur les passerelles, on voit des imprimés qui datent d’il y a quelques années.» Dans son camion, on peut voir des femmes de tous les âges essayer des vêtements des années 1990, incluant des cols roulés et des Doc Martens. Oui, ils reviennent à la mode!

Monique Cruz, ancienne designer de vêtements pour enfants, s’occupe désormais de son camion à plein temps et se stationne un peu partout en ville – le plus souvent sur des campus universitaires – chaque jour de la semaine. Selvedge Dry Goods est loin d’être la seule option pour les fashionistas de Los Angeles; plusieurs «fashion trucks» sillonnent les environs de la métropole californienne, affichant leur horaire dans les médias sociaux.

La ville est à l’avant-garde d’une nouvelle révolution des camionnettes. Le temps où tout ce que ces commerces mobiles avaient à offrir était de la mauvaise cuisine mexicaine pour les travailleurs de la construction est révolu. Aujourd’hui, ils vendent à peu près n’importe quoi, des vêtements de luxe aux menus gourmets.

«Il y a 650 camions de bouffe de rue enregistrés dans la ville, mais personne ne sait réellement combien il y en a, affirme la professeure de planification urbaine à UCLA (University of California, Los Angeles), Anastasia Loukaitou-Sideris. Ce qui est nouveau, c’est qu’il y en a davantage qui se promènent dans des zones très fréquentées.»

La tendance a commencé avec Roy Choi. Après avoir perdu un prestigieux emploi à Beverley Hills, le chef d’origine coréenne a eu l’idée de transformer la bouffe de rue à la californienne – les fameux tacos – en barbecue à la coréenne. Personne ne prêtait attention à ses tacos coréens, jusqu’à ce qu’il annonce son produit sur Twitter. Aujourd’hui, Kogi BBQ compte quatre camionnettes qui, où qu’elles se posent à Los Angeles, sont toujours attendues par une foule affamée.

Apparemment, les Angelenos aiment l’interac­tion qu’offre ce genre de com­merce. Entre 50 et 500 per­sonnes s’arrêtent chez Selvedge Dry Goods chaque jour, même s’il y a de nombreuses boutiques ayant pignon sur rue à proximité. «Je pense que la volonté d’encourager les petits commerces locaux y est pour quelque chose, observe Monique Cruz. De plus en plus de gens se tiennent loin des grandes chaînes.»

Et si les camions ne changeront pas la culture de l’automobile, ils peuvent contribuer à améliorer le voisinage. «Ils ont ouvert une brèche dans certains quartiers défavorisés, souligne Anastasia Loukaitou-Sideris. Bien sûr, un simple camion qui vend des tacos ne va pas revitaliser un secteur ou faire cesser la ségrégation économique, mais ces camionnettes ont revivifié les coins de rue.

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C’est très important, maintenant que nous commandons toutes sortes de choses sur nos ordinateurs portables et que nous commandons nos films sur Netflix.»

Pas à Montréal
La tendance ne semble pas avoir encore rejoint Montréal. D’ailleurs, comme ce fut le cas pour la bouffe de rue, il y aurait ici tout un combat à mener, puisque la plupart des arrondissements les interdisent. Tout au plus, il est possible d’obtenir un permis durant un événement spécial, un festival, par exemple. Dans Ville-Marie, l’article 45 du Règlement sur le civisme, le respect et la propreté est très clair à ce sujet.

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