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Repas 100% montréalais: les coulisses

Photo: Mathias Marchal/Métro

Il y a environ 70 ans, la limite des champs était située au niveau de la Métropolitraine, qui n’existait d’ailleurs même pas. On pratiquait aussi la chasse-à-cour vers Hochelaga. Puis les champs ont graduellement disparu de l’île et l’agriculture montréalaise aussi.

Aujourd’hui, il ne reste que six fermes si l’on compte celle de l’Université McGill, mais la capacité agricole de Montréal est en train de connaître un certain regain. Pour trouver les ingrédients nécessaires à ce repas de trois services 100% montréalais, on n’a même pas eu recours à la ferme Lufa et son énorme serre sur le toit d’un entrepôt, c’est tout dire!

Voici quelques observations qui complètent l’article… et aussi des anecdotes croustillantes!

1. Pour les protéines, on a choisi le poisson, mais ce qu’on aurait vraiment aimé essayer, c’est un écureuil. À ce sujet, il me reste une énigme irrésolue: à l’automne, quelques grands chefs triés sur le volet auraient eu le droit, si le projet pilote n’avait pas été mis sur la glace par le nouveau gouvernement, de servir notamment du castor, du rat musqué et de l’écureuil. Je serais curieux de savoir où ils se seraient approvisionnés en écureuils…

poisson

2. Soulager Denis Coderre d’un des fruits qui poussent désormais à l’hôtel de ville aura finalement été le défi le plus compliqué à réaliser. Pas parce qu’il les mange tous (les fruits et légumes plantés à l’hôtel de ville vont à l’Accueil Bonneau), mais parce que, pendant mes deux semaines de collecte, Denis Coderre n’a tenu aucune conférence de presse (oui c’est possible!). Une seule aurait pourtant été suffisante pour avoir accès à la terrasse où sont les 16 énormes bacs de plantation…

Il fallait donc se tourner vers la voie légale et faire son chemin dans le dédale des responsabilités administratives, pour finalement trouver la jardinière autorisée à me donner un melon. Sympa!

melon

3. Il a tellement d’initiatives agricoles que je n’ai même pas eu à faire appel aux nombreux jardins communautaires ni même au marché solidaire Frontenac. Ce dernier récupère les surplus de jardiniers urbains en les payant en p-oignon, une monnaie hyperlocale proche du troc qui, en échange, permet aux jardiniers de s’approvisionner dans ce marché du secteur centre-sud.

4. Si vous voulez débuter un poulailler, sachez que vous ne pourrez pas vous contenter d’une seule poule. Gallus gallus domesticus n’a pas d’aptitude à la solitude. Idéalement, il en faut donc trois, parce que si l’une d’elles vous faire faux bond, les deux survivantes arriveront à surmonter l’épreuve sans déprimer!
Plus d’informations: Plumes et jardin

5. Pour arriver à convaincre les Québécois de manger des insectes, il faudra soigner la mise en boîte! À gauche de la photo, des vers de farine distribués par l’entreprise uKa protéine, une entreprise montréalaise. Je ne les ai pas retenus, car jusqu’à ce que la ferme de Marie-Loup Tremblay produise, elle continuera de s’approvisionner aux Pays-Bas. À droite les vers frits de Marie-Anne Rioux (qui a dit que les femmes avaient peur des bibittes!).

vers

Mme Rioux m’a laissé quelques conseils pour entamer ma production.

  • Séparer les 3 stades – larves, nymphes, adultes –  pour éviter le cannibalisme
  • Nourrir de farine, gruau, fruits et légumes frais
  • Sevrer des vers avant la congélation pour éliminer le plus d’excréments possibles
  • Et si ça vous écoeure, sachez que vous mangez déjà environ 500 g d’insectes par an, car on en trouve notamment dans le colorant E120 qui est fait à partir de cochenille. de plus Santé Canada accepte que des résidus soient présents dans nos céréales par exemple.

6. On n’a pas trouvé de sel, de poivre ou d’huile faits à Montréal. Mais si on avait voulu privilégier le local, on se serait certainement tourné vers cette huile distribuée par l’entreprise de Montréal-Ouest, Pousse-menu: l’huile est faite à partir de graines de tournesol qui ont poussé à Vaudreuil, qui n’est pas à Montréal, mais pas trop loin (46 km). La ferme entrepôt des Pousse-menu mérite le détour, on y produit hebdomadairement 750 kg de pousses et de germinations qui sont particulièrement nutritives. Quand vous les achetez au supermarché, elles ont été cueillies le jour-même.

7. En s’y prenant trois semaines à l’avance, on aurait aussi pu faire pousser nos propres champignons. Le magasin Mycoboutique offre en effet une sorte de bûche qui contient les spores nécessaires à sa propre production. Il suffit d’avoir un aquarium…

8. Si vous voulez devenir apiculteur urbain ou simplement les faire venir dans votre école pour des démonstrations, visitez le site internet de Miel Montréal.

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