AJOI dénonce le manque d’investissement en itinérance
Alors que des périodes de grand froid frappent la métropole cet hiver, l’organisme de travail de rue Action jeunesse de l’Ouest-de-l’Île (AJOI) lance un cri du cœur devant l’urgence d’investir dans l’hébergement en périphériques de Montréal.
Créé en 2007, AJOI déplore depuis longtemps le manque de ressources dans l’Ouest-de-l’Île. L’organisation, qui fournit des services d’intervention auprès des jeunes à risque ou en difficulté, dénombre de plus en plus d’interventions en lien avec l’itinérance.
Avec ses deux travailleurs de rue dédiés spécifiquement depuis deux ans aux problématiques liées à l’itinérance, le nombre d’interventions a explosé. Elles sont passées de 72 en 2015-2016 à 390 en 2016-2017 puis à plus de 2000 lors de la dernière année fiscale.
Itinérance cachée
À la suite d’une étude menée en partenariat avec l’Université du Québec à Montréal (UQÀM) et la Ville de Montréal en 2013, AJOI a pu déceler une problématique d’itinérance cachée. Ainsi, certaines personnes développent des stratégies pour rester invisibles, comme le couchsurfing ou le crowding. Elles restent chez des amis, passant d’un à l’autre ou se logent dans un petit espace à plusieurs.
Selon AJOI, le manque de ressources dans les quartiers périphériques contribue à l’engorgement de l’hébergement au centre-ville.
Plusieurs demandes d’aide ont été adressées à la ville-centre, sans succès. «En 2016, on n’a rien eu. En 2017, on a demandé 90 000 $ et on a reçu la moitié. L’année passée, on voulait 234 000 $ parce qu’on ajoutait un agent de développement pour l’hébergement. On a encore eu 37 500$», indique la directrice générale d’AJOI, Tania Charron.
Délais
Il y a deux ans, AJOI a créé, Ricochet, le premier organisme à but non lucratif dont la mission est de créer des ressources d’hébergement pour les jeunes adultes vivant de l’instabilité résidentielle dans l’Ouest-de-l’Île.
«Ça prend trop de temps. Sans investissement de la Ville pour un agent de développement, difficile de faire avancer le projet. Pendant ce temps, nos personnes vulnérables sont déracinées vers le centre-ville et dorment dans des conditions qui vont jusqu’à mettre leur vie en danger», déplore Mme Charron.
En janvier, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, avait pourtant mentionné l’importance de mettre en place des mesures à long terme pour prévenir l’itinérance. Elle prévoyait développer 6000 logements sociaux d’ici 2021, dont 950 spécialement dédiés aux personnes en situation d’itinérance.