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Les Premières Nations du Québec libèrent la voix au Musée McCord

Extrait de l’exposition permanente «Voix autochtones d’aujourd’hui: savoir, trauma, résilience» au Musée McCord. Photo: Gracieuseté, Roger Aziz

Les paroles s’élèvent au Musée McCord alors que la nouvelle exposition permanente, Voix autochtones d’aujourd’hui: savoir, trauma, résilience, ouvre tout juste ses portes. Plus de 80 témoignages écrits et filmés de membres des 11 communautés autochtones du Québec ont été recueillis. Ces voix accompagnent une centaine d’objets de la collection du musée. Divisée en trois parties, l’exposition aborde l’histoire des communautés, les traumatismes vécus et le processus de guérison.

Pour profiter pleinement de la nouvelle exposition permanente du Musée McCord, il faut prendre le temps de s’asseoir, de lire et de regarder les témoignages vidéos des membres des Premières Nations, enregistrés dans plusieurs langues et résonnant dans les différentes salles du musée.

Entre 2010 et 2018, la commissaire de l’exposition et membre de la nation wendate, Elisabeth Kaine, a visité les 11 nations du Québec afin d’y recueillir 800 témoignages, dont 80 sont présentés dans l’exposition. À chaque intervenant, elle n’a posé qu’une seule question: «Qu’aimeriez-vous dire à propos de vous?»

Histoire et culture

La première partie de l’exposition raconte l’histoire, la culture et les savoirs autochtones, des traditions à l’art en passant par la chasse et la relation à la nature. Tout au long de l’exposition, plusieurs objets accompagnent les récits. Ils ont tous été soigneusement sélectionnés par Jean St-Onge, un membre de la communauté innue de Uashat qui a longtemps travaillé à la Maison de transmission de la culture innue Shaputuan.

Les objets sont souvent accompagnés de témoignages écrits. «Les objets ont une âme, ce ne sont pas des entités mortes», rappelle Elisabeth Kaine, qui voulait éviter le caractère désincarné que peuvent prendre les artefacts autochtones dans les musées.

Pour Elisabeth Kaine, «Les objets ont une âme, ce ne sont pas des entités mortes» – Gracieuseté/Roger Aziz

Blessures et traumatismes

La suite de l’exposition du musée McCord se penche sur les traumatismes vécus, conséquences des affres de la colonisation. D’abord, les pensionnats majoritairement dirigés par les communautés religieuses, dans lesquels la langue et la culture autochtones ont été bafouées. L’exposition aborde les sévices sexuels dont les enfants étaient parfois victimes. On retrouve aussi notamment des témoignages sur la rafle des années 1960, où des enfants ont été retirés de leur famille, de même qu’à propos des inégalités avec les allochtones ou encore des terres mises en danger par la construction de pipelines.

«On a longtemps caché les douleurs, les peuples autochtones étaient honteux […] on ne voulait pas que ces questions soient abordées par honte ou par peur d’être jugé, on n’en est plus là. Il faut dire et il faut entendre», soutient Elisabeth Kaine.

Cette partie de l’exposition aborde de nombreux sujets très durs. Mais là aussi, il est important de prendre le temps de regarder, de connaître et de comprendre les événements passés et présents.

La seconde partie de l’exposition se concentre sur les traumatismes et les blessures vécues. – Gracieuseté/

Vers la guérison et la collaboration

La dernière partie de l’exposition démontre la capacité de résistance des Premières Nations. Aujourd’hui, les Premières Nations entament un processus de résilience. Pour Elisabeth Kaine, si l’on veut pouvoir accéder à la réconciliation, il faut d’abord passer par la guérison.

À travers les témoignages, les allochtones sont encouragés à venir à la rencontre des Premières Nations. L’exposition se clôt avec une œuvre collaborative, un wampum qui apparaît sur de petits iPads, un symbole d’alliance entre les peuples.

«C’est ça l’avenir, c’est de travailler ensemble d’égal à égal, et c’est d’entendre», conclut la commissaire.

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