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Un humoriste montréalais à la conquête de l’Amérique

Photo: Collaboration spéciale

À 42 ans, après avoir conquis un public montréalais et participé à 15 galas et 50 scènes Juste pour rire, l’humoriste angevin Sébastien Bourgault tente sa chance à Toronto et Los Angeles. Humoriste: un «métier passion» qui demande persévérance et compromis.

Il se dit obsédé à l’idée de réaliser son rêve américain. L’humoriste, qui a fait ses preuves sur les planches québécoises en collaborant avec des artistes comme Mike Ward ou Lise Dion, a bouclé ses valises pour Toronto en février dernier afin d’aller à la rencontre d’un public anglophone.

«Mon but ultime, la raison pour laquelle je me lève chaque matin, c’est de pouvoir faire de l’humour à Los Angeles, là où sont les meilleurs. Toronto est une première étape pour moi», explique-t-il.

Alors, tous les soirs, Sébastien Bourgault fait ses armes dans des comedy club ontariens avec des shows de sept à quatre-vingt-dix minutes. Il a d’ailleurs déjà donné quelques spectacles en Californie. Mais l’humoriste doit toutefois se faire un portfolio solide s’il veut obtenir un visa de travail pour les États-Unis.

Sébastien Bourgault voit les choses en grand et ne recule pas devant les obstacles. Lui qui ne parlait pas un mot d’anglais il y a cinq ans, écrit désormais ses sketchs dans la langue de Shakespeare.

À Toronto, il a dû s’adapter rapidement à un humour différent. «Parfois, je me plante et les gens ne rient pas du tout. Mais je ne regrette rien», affirme l’humoriste qui perçoit cet exercice comme entrainement quotidien.

«Tous les soirs, je pars en guerre pour conquérir mon public. C’est un métier qui demande beaucoup de travail, de concentration et d’énergie. C’est parfois ingrat et on se sent seul. Mais ça prend un rêve et de la passion», assure l’artiste.

Originaire d’Anjou, Sébastien Bourgault a grandi rue Neuville et fait ses premières scènes à l’école secondaire d’Anjou. Il se souvient qu’il a toujours aspiré à ce métier.

«J’ai fait de la lutte, du théâtre, de la trompette, parce qu’à l’époque les comedy club n’existaient pas. En fait, je recherchais la scène et j’ai su très tôt que j’avais besoin d’attention», plaisante-t-il.

L’humoriste donne depuis entre 300 et 400 spectacles par année et compte plus de 2000 scènes depuis le début de sa carrière. Indépendant, il travaille toutefois avec une dizaine d’agences de production au Québec.

«Aujourd’hui, je ne veux pas être Miss Sherbrooke, je veux être Miss Univers. Rien n’est impossible lorsque l’on se donne les moyens», conclut-il

Pas si «drôle» comme métier

Beaucoup d’appelés, peu d’élus. Comme la majorité des artistes qui tentent de faire leur trou dans l’industrie du spectacle, les défis à relever sont nombreux. Selon Émilie Dumas, coordonnatrice des communications à l’École Nationale de l’humour à Montréal, le milieu est très compétitif.

«Parce qu’il y a une dizaine d’humoristes au Québec qui font beaucoup d’argent, on s’imagine que c’est un métier qui rapporte. Mais la plupart sont très peu payés et rencontrent les mêmes difficultés que tous les artistes», commente Émilie Dumas.

D’après cette dernière, la rémunération d’un jeune humoriste dans un comedy club pourrait aller de 25 à 100 dollars par spectacle. En outre, être signé en maison de production n’est pas l’apanage de tous.

À l’École Nationale de l’humour, créée en 1988 et qui a vu naître des humoristes de renom comme Louis Morissette, Martin Matte ou encore Louis-José Houde, on constate que 81% des élèves demeurent «actifs» dans l’humour après leurs études. Toutefois, cela ne dit pas si ces derniers arrivent à en vivre.

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