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Moins de stationnements, plus de vélos dans Mercier

L'avenue Letourneux est devenue sens unique depuis le 24 juillet. Photo: Josie Desmarais/Métro

Les automobilistes de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve devront s’y faire. Le nombre d’espaces de stationnement continuera de diminuer dans les prochains mois en raison de l’aménagement de bandes cyclables et la mise à sens unique de près d’une vingtaine de rues.

Avec la mise à jour du «Plan vélo en 2019», l’arrondissement désire instaurer dès cette année des voies cyclables sur l’avenue Letourneux, le boulevard Lapointe, les rues Gustave- Bleau, de Teck, Taillon et Tellier.

Pour ce faire, des mises à sens unique devront être effectuées dans l’arrondissement de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, en majorité dans le secteur de Mercier-Est.

La chargée de communication à l’arrondissement Julie Bellemare confirme que des places de stationnement devront être retirées, mais n’est pas encore en mesure d’en préciser le nombre.

Ces retraits s’ajouteront aux 300 cases enlevées en 2019, lors de l’implantation du premier axe du Réseau Express Vélo (REV) sur l’avenue Souligny, un tronçon de 5,3 km entre la rue Dickson et l’avenue Hector.

De nouveaux problèmes?

Trouver un espace de stationnement autour des rues Souligny et Dubuisson devient de plus en plus difficile, se plaignent des citoyens du secteur.

«Vu qu’on n’a plus de stationnement sur Souligny, les gens de la rue Pierre-Tétreault se stationnement sur Baldwin et ceux de Baldwin se stationnement sur Lebrun. Et ainsi de suite. Ça c’est l’été, mais en hiver c’est l’enfer, le double du problème», écrit Geneviève Renaud qui réside sur la rue Baldwin depuis 37 ans.

Même son de cloche du côté d’Isabelle, résidente du secteur. «Les changements de sens de rues effectués et à venir sur Liébert, Dubuisson et Tellier enclavent totalement notre secteur (tous le secteur entre Honoré beaugrand-Lebrun et Dubuisson-Notre Dame en fait) et y rendra l’accès très compliqué pour les résidents mais aussi et surtout pour les véhicules d’urgence», pense-t-elle.

Selon les témoignages recueillis par Le Flambeau, les automobilistes semblent s’entendre pour dire que les nouveaux sens uniques auront un impact sur le trafic des rues Hochelaga et Honoré-Beaugrand.

Les 18 projets de mise à sens unique font écho à plusieurs axes inscrits au Plan local de déplacements (PLD) de l’arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, tels que l’augmentation de la sécurité de tous les usagers, l’assurance de la quiétude des milieux résidentiels, la poursuite du déploiement du réseau cyclable, ainsi que l’amélioration et la mise en valeur du réseau cyclable existant.

Au contraire, ces changements augmenteront l’agressivité des conducteurs et les amèneront à enfreindre les limites de vitesse, craignent des citoyens.

Plusieurs consultations publiques se sont tenues en 2016 et en 2017 dans le cadre de l’élaboration du PLD au cours desquelles les citoyens ont été appelés à se prononcer sur de grands objectifs en matière de déplacements.

C’est en juin 2018 que le PLD a été adopté par l’arrondissement. En novembre 2019, un Forum citoyen a également été organisé dans le cadre du suivi de ce plan.

S’attaquer à la voiture

Selon le chargé de cours à la faculté d’urbanisme de l’Université de Montréal, Pierre Barrieau, la suppression des cases de stationnement est un «geste volontaire» de la part de l’administration Projet Montréal dans le but de donner plus de place au transport actif.

«Un des outils des gens qui font la guerre à l’automobile, c’est l’utilisation des pistes cyclables comme façon de voler l’emprise des voies de stationnement et de circulation», explique-t-il.

Pour l’expert, l’automobile reste une «grande nécessité» pour la majorité des gens, notamment ceux qui travaillent hors de la ville.

«Quand on fait des pistes cyclables en enlevant des cases de stationnement dans des secteurs où les gens n’ont pas le choix que de se déplacer en voiture parce que l’État ne leur a pas donné d’alternative, la tension monte», déclare M. Barrieau.

Si on vit dans une société dans laquelle les gens utilisent moins leur voiture, mais en ont toujours besoin, où est-ce qu’on la met?

-Pierre Barrieau

Bonheur des cyclistes

L’ajout de kilomètres de voies cyclables aux 56 existants dans l’arrondissement est une bonne nouvelle pour les usagers du vélo.

«On adore la piste cyclable qui nous incite à faire des déplacements actifs dans le quartier», écrit Geneviève Rivard, une résidente de la rue Souligny.

Elle soutient que, sans amélioration en ce sens, sa famille envisageait de quitter le quartier.

De son côté, Pierre Barrieau prévoit une accélération des déménagements chez les gens du secteur qui n’ont pas le choix de posséder des voitures.

«Les gens qui se sentent trop limités par ces mesures-là ont deux possibilités : changer leurs habitudes ou déménager, tranche l’urbaniste. Des gens dépendants à la voiture vont se faire remplacer par d’autres plus en lien avec les nouvelles orientations de l’aménagement du territoire.»

À l’inverse, d’autres arrondissements comme celui d’Anjou, font le choix d’ajouter des places de stationnements. Selon les informations fournies par le chef de division des communications à l’arrondissement d’Anjou, Tommy Demets, ce sont plus de 400 cases qui ont été ajoutées dans les trois dernières années.

Pour réellement diminuer la présence de l’automobile, Pierre Barrieau continue de penser qu’il faudrait améliorer l’offre en transports en commun «pas seulement vers le centre-ville, mais vers partout où les gens veulent aller», émet-il.

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