Ligne bleue: entre confiance et inquiétude à Anjou et Saint-Léonard
Un nouveau report du projet de prolongement de la ligne bleue n’a rien de bien rassurant à Anjou et Saint-Léonard, arrondissements dans lesquels doivent se construire les cinq nouvelles stations prévues.
Alors que la STM confirme qu’un retard de 18 mois est à prévoir sur l’échéancier de 2026, le premier ministre François Legault a laissé entendre que l’arrivée du Réseau express métropolitain (REM) dans l’Est et le Nord-Est de Montréal oblige une réflexion sur le projet de prolongement de la ligne bleue. Il faudra éviter de «dédoubler le service», a-t-il averti.
Tout en promettant que le projet se réalisera, M. Legault concède que plusieurs enjeux, dont l’expropriation des Galeries d’Anjou, obligent le gouvernement à réexaminer les plans initiaux.
Si les élus d’Anjou et de Saint-Léonard sont sûrs que la ligne bleue sera prolongée, des questions demeurent.
«Je ne comprends pas pourquoi ce retard de 18 mois. Je trouve que c’est un peu trop», estime Luis Miranda, maire d’Anjou.
Ce dernier espère que le projet ne deviendra pas un enjeu électoral lors de la prochaine campagne. «Le métro, ça fait 40 ans qu’Anjou l’attend», rappelle-t-il.
Il croit néanmoins que les coûts du projet devront être revus à la baisse. Selon lui, l’expropriation d’une partie des Galeries d’Anjou devra être reconsidérée par la STM.
Des travaux attendus
L’annonce de retards supplémentaires n’est pas bien accueillie par le maire de Saint-Léonard, Michel Bissonnet.
«Non seulement l’accès au transport collectif pour notre population demeure déficient, mais en plus, cela apporte de nouveaux retards dans le réaménagement de la rue Jean-Talon Est», souligne-t-il.
Un projet majeur de revitalisation de l’artère commerciale principale de l’arrondissement, évalué à 15 M$, avait été annoncé en 2017. Or, celui-ci avait été mis sur la glace afin d’arrimer les travaux à ceux des futures stations de métro.
L’arrondissement ne désespère pas pour autant, se consolant du fait que Québec promet d’aller de l’avant.
«Si les retards permettent de mieux arrimer les choses pour la construction du REM de l’Est, c’est un moindre mal, car le REM est également un projet important pour le transport collectif dans Saint-Léonard», concède M. Bissonnet.
Il insiste toutefois sur la nécessité de s’asseoir avec Montréal pour trouver rapidement une solution pour aider les commerçants de la rue Jean-Talon Est.
Dominic Perri, conseiller du district de Saint-Léonard-Ouest, souligne que ces derniers ont hâte de voir les travaux commencer. Pour lui, il n’est pas normal de continuer à laisser une rue commerciale dans un tel état pendant des années. «Lorsqu’on commence une construction, il y a tout intérêt à la terminer le plus tôt possible parce que plus on prolonge, plus les coûts augmentent», prévient-il.
Mais M. Perri ne s’inquiète pas pour l’avenir de la ligne bleue, un projet tellement avancé qu’on «ne peut pas vraiment le freiner.» Selon lui, le dédoublement ne posera pas réellement problème . «C’est vrai qu’il y a le REM, mais le REM c’est Nord-Sud. La ligne bleue, c’est Est-Ouest. Les deux ne sont pas en compétition. Ils desservent deux clientèles différentes».