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Une œuvre à la mémoire de Nicholas Gibbs dans Notre-Dame-de-Grâce

Œuvre commémorative pour Nicholas Gibbs. Photo: Mariklôde Tardi/Métro

Une œuvre en mémoire de Nicholas Gibbs a été dévoilée le samedi 21 août à l’angle du boulevard De Maisonneuve et de la rue Montclair dans Notre-Dame-de-Grâce. Les artistes Gene Pendon et Peter Gibson, connu sous le nom d’artiste Roadsworth, ont collaboré afin de créer une œuvre picturale représentant les dernières minutes de vie de l’homme qui a été abattu par des policiers du Service de Police de la Ville de Montréal (SPVM) il y a 3 ans.

Nicholas Gibbs, âgé de 23 ans, est père de 3 enfants lorsqu’il s’écroule sur le pavé de la piste cyclable à l’intersection des routes mentionnées plus haut. Filmée par un résident du quartier du haut de son appartement, la scène est diffusée sur le web.

On y voit un homme noir, en crise, encerclé par des policiers qui lui crient des ordres en français, alors que Nicholas Gibbs ne parle pas cette langue. On entend les policiers répéter que l’homme possède un couteau, cependant, l’arme blanche n’est pas visible sur la vidéo.

«Shoot me, guys», lance Nicholas Gibbs alors qu’il se dirige à pied vers l’est. Après quelques minutes d’intervention policière, cinq coups de feu sont tirés en direction de Nicholas Gibbs, dont deux pendant que l’homme fait dos aux policiers.

Lors de la commémoration, la mère du défunt a livré un émouvant discours dans lequel elle a dénoncé l’injustice dont non seulement la famille est victime, mais aussi la communauté noire en entier.

«I’m tired of talking about the same thing»: les mots de son neveu, Jeremy Gibbs, sont bouleversants. L’amour et la résilience exprimés par les différents intervenants sont saisissantes, mais la douleur vécue par ces êtres humains qui subissent le racisme systémique au quotidien doit être entendue.

«La couleur de ta peau ne devrait jamais causer ta mort.»

Marcelle Partouche Gutierrez, organisatrice communautaire pour The Rap Battles for Social Justice

Le réalisateur Stefan Verna, qui travaille actuellement sur un documentaire, évoque dans ces termes le sort des jeunes noirs anglophones de Montréal : «Toutes les semaines, je parle avec des jeunes qui vivent du profilage racial intense. Des arrestations non motivées. Et pour ces jeunes-là, la confiance envers notre société est minée chaque fois que la police intervient comme ça. Ça affecte leur relation avec les institutions, leurs relations en général. Quand t’es jeune, tu cherches ta place, et te faire constamment dire que t’es un second class citizen… Personne ne devrait vivre avec le sentiment de ne pas vraiment faire partie du tissu social. La répercussion sur ces jeunes est immense et c’est la rage qui prend place. Tu ne peux pas vivre comme un être équilibré si ton premier réflexe c’est la rage. Je vois ces jeunes qui sont à fleur de peau. Ce sentiment d’aliénation, de répression. Ils ne se sentent pas bien ici. Pourtant, ils ont tellement à offrir à notre société.»

Les différents discours et témoignages recueillis montrent qu’il est aujourd’hui plus que jamais essentiel de repenser le rôle de la police afin d’améliorer les interventions policières et de rétablir la justice. L’espoir serait d’enfin voir la Ville de Montréal, le SPVM et la communauté se diriger ensemble du bon côté de l’histoire.

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