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Mort de Pierre Coriolan: le coroner souhaite «changer le milieu policier pour le mieux»

Pierre Coriolan
Pierre Coriolan Photo: Courtoisie - Ligue des droits et libertés

Le coroner en chef adjoint, Luc Malouin, souhaite «changer le milieu policier pour le mieux». C’est ce qu’il a affirmé au terme de l’enquête publique du coroner sur la mort de Pierre Coriolan, un homme noir souffrant de problèmes de santé mentale qui a été abattu par des policiers en 2017 à Montréal.

«Je pense qu’ensemble on peut établir les règles et les normes pour l’avenir. Avec tout ce qu’on a vu, on voit où on s’en va. Je pense qu’on est en train de changer le milieu policier, et pour le mieux», a déclaré Me Malouin dans son mot de la fin jeudi après-midi.

Pierre Coriolan vivait un épisode de détresse et venait d’être expulsé de son logement lorsque les policiers sont arrivés devant l’immeuble du quartier Ville-Marie.

Après avoir tenté de maîtriser l’homme de 58 ans à l’aide d’un pistolet à impulsion électrique et de balles de caoutchouc, les agents de police ont ouvert le feu en direction de la victime, qui est décédée à l’hôpital.

Les autorités soutiennent que M. Coriolan tenait un couteau et un tournevis dans ses mains au moment des faits.

Après une pause de sept mois, les audiences publiques ont repris lundi avec le volet recommandations. La formation des policiers, notamment en ce qui a trait à la santé mentale, à l’intervention auprès d’une personne en crise, à la désescalade de la violence et à la communication, était au cœur des débats.

Le coroner Malouin s’est dit en faveur d’une formation obligatoire annuelle pour mettre à niveau régulièrement les policiers sur ces enjeux, comme c’est le cas pour la formation en maniement d’armes.

Restructuration au SPVM

Lundi, lors du témoignage de l’ex-policier du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) Stéphane Wall, on a appris qu’une «Communauté de pratique en usage judicieux de la force» avait été implantée au sein de l’organisation entre 2005 et 2018.

Si ce programme avait pour but de mieux outiller les agents par le biais de simulations, une restructuration a mené à son abandon à l’arrivée en poste du nouveau directeur, Sylvain Caron, en 2019. 

Selon Stéphane Wall, cela a créé «un vide» dans la formation continue des policiers. Dans une lettre envoyée à leur syndicat en mai dernier, plus de 500 policiers dénonçaient même une «détérioration massive» du maintien des compétences.

Mardi matin, des représentants du SPVM ont défendu la restructuration qui, selon eux, visait à améliorer la structure et à «assurer une uniformité au niveau du message qui est véhiculé».

Nouvelle formation en désescalade

Par ailleurs, le SPVM a créé en 2019 une nouvelle formation obligatoire en désescalade et en endiguement dans le but de mieux intervenir auprès des personnes souffrant de problèmes de santé mentale.

D’une durée de deux jours, cette formation a été conçue au début de l’année 2019. Jeudi matin, le maître instructeur en emploi de la force pour le SPVM, Mathieu Labelle, est venu présenter cette formation en détail. 

Si le SPVM avait annoncé que l’ensemble de ses policiers seraient formés dès 2022, M. Labelle a indiqué que la pandémie avait ralenti les opérations et qu’aucun nouveau calendrier n’était confirmé pour le moment. 

Selon ses dires, environ 800 des 2400 patrouilleurs ont reçu la formation en désescalade et en endiguement.

De plus, aucune requalification n’est encore prévue pour mettre à niveau les policiers qui suivent cette formation, a affirmé mardi le chef de section à la formation et maître instructeur en emploi de la force au SPVM, Salvatore Serrao.

Les six policiers impliqués dans l’intervention ayant mené à la mort de Pierre Coriolan ont témoigné au début du processus en février 2020. Aucune accusation criminelle n’a été portée contre eux. Aucun de ceux-ci n’avait de formation en santé mentale.

Deux sœurs de Pierre Coriolan ont intenté une poursuite en dommages de 163 426,08$ contre la Ville de Montréal. Le procès est prévu en mai 2022.

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