Soutenez

De la Tunisie à Montréal, le parcours plein de succès de Yassine Kassis

Yassine Kassis en action Photo: Gracieuseté, Carabins, UdeM

Arrêter sa carrière de volleyeur et faire une croix sur les Jeux olympiques pour rester au Québec, c’est le difficile choix de carrière qu’a fait Yassine Kassis. Cet étudiant tunisien de l’Université de Montréal à l’avenir prometteur a renoncé à une carrière de volleyeur par amour pour le Canada.

L’histoire d’amour de Yassine avec le volleyball commence à Sfax, en Tunisie. Le jeune Yassine a 13 ans quand il entend parler du volley pour la première fois. Son meilleur ami – qui s’appelle lui aussi Yassine – lui propose de venir s’entrainer avec lui dans son équipe chaque midi.

Sa passion naît dès le début, mais l’apprentissage de ce sport prend du temps. «Les deux premières années étaient compliquées, avoue Yassine Kassis, en entrevue avec Métro. J’étais trop petit à l’époque, mais ensuite, ç’a commencé à bien marcher.»

À force de travail, l’adolescent se fait une place importante dans l’équipe, et les résultats à l’école suivent. Tout sourit au jeune homme qui, à 16 ans, se voit convoqué pour la première fois avec l’équipe professionnelle de sa ville.

La réussite scolaire avant la réussite sportive

Yassine enchaîne deux années avec les seniors, et, à 18 ans, il décide de poursuivre ses études en s’inscrivant en médecine. «C’était vraiment compliqué de concilier les études et le sport; ça m’a demandé beaucoup de sacrifices, reconnait Yassine. C’est très compliqué de convaincre une équipe professionnelle que les études sont essentielles, mais ç’a toujours été le plus important pour moi», ajoute-t-il.

Après deux saisons à essayer de combiner ses deux vies mais n’arrivant plus à se consacrer sérieusement aux deux activités, Yassine dit stop et arrête le volleyball, alors qu’il commence pourtant à se faire un nom dans son pays.

Yassine, chandail rouge, à 15 ans alors qu’il jouait encore en Tunisie Photo: Gracieuseté

Immigrer à Montréal, le défi d’une vie

Yassine décide alors de changer de vie. Il arrête ses études de médecine qui ne lui plaisaient plus, et part pour le Québec, pour se lancer dans un programme en informatique à Montréal. Il ne parle pourtant alors ni le français ni l’anglais. C’est un nouveau défi pour Yassine!

Le Tunisien traverse l’Atlantique et emménage à Côte-des-Neiges, à deux pas de son campus. Il ne connait rien du pays, ni personne dans la métropole. «Je travaillais dans un restaurant, à côté des études. Pour ne pas inquiéter ma famille, je leur disais que je mangeais les plats que je leur envoyais en photos. En réalité, ils étaient pour les clients, et moi, j’avais du mal à manger à ma faim», raconte le nouveau Montréalais.

«Mais le volleyball me manquait trop!», reconnait Yassine. En effet, il ne tient que quelques semaines avant de s’inscrire dans une équipe, les Celtiques de Montréal. «Je suis arrivé avec de vieux souliers et un vieux t-shirt, en rigole aujourd’hui le volleyeur, mais ça s’est très bien passé.»

Yassine sur le terrain, dans l’uniforme des Carabins Photo: Gracieuseté

Il souhaite alors seulement jouer pour le plaisir. Mais très vite, son talent se fait remarquer et les Carabins de l’Université de Montréal lui proposent de rejoindre leurs rangs. Yassine hésite, beaucoup. «C’était un dilemme pendant un mois, et puis, à la veille de la fin des inscriptions, j’ai finalement accepté.»

Les débuts de Yassine avec les Carabins sont difficiles. Le Tunisien n’est au Québec que depuis quelques mois et il ne joue presque pas pour sa première saison avec l’UdeM. Mais l’appui de ses coéquipiers l’aidera à passer au travers des moments difficiles.

«Je ne parlais presque pas français, mais mes coéquipiers ont été fantastiques avec moi. Je ne les remerciai jamais assez de m’avoir aidé et intégré comme ils l’ont fait.»

Yassine Kassis, à propos de ses coéquipiers des Carabins de l’UdeM

Le début du succès

La deuxième saison de Yassine avec les Carabins est une réussite. Le libéro – sa position sur le terrain – a enfin la chance de se montrer. Depuis, il n’a raté aucune rencontre.

Ses parents, eux, n’étaient jusqu’à tout récemment pas au courant qu’il avait repris le volleyball. «Je suis très proche de ma famille, mais je ne voulais pas les stresser en leur disant que c’était très intense de combiner les études, le sport et mon travail. Mais quand j’ai commencé à remporter des distinctions, ça devenait compliqué de leur cacher [rires].»

Yassine brille en championnat universitaire. Il est le meilleur joueur du Québec et fait partie de la première équipe étoile du Canada. Le volleyeur a été récompensé de plusieurs bourses, dont celle de la fondation Aléo récemment.

Mais sa carrière dans le volleyball ne s’écrit pas qu’avec les Carabins; Yassine s’aligne également avec l’équipe nationale tunisienne.

Avec les Aigles de Carthage – surnom de l’équipe tunisienne –, il a remporté le Championnat d’Afrique en 2021. «Les moments où l’hymne a retenti, je payerais très cher pour les revivre», se souvient Yassine.

Le début d’une nouvelle vie, jamais loin du volley

Mais malgré tous ses succès, Yassine a récemment pris sa retraite de l’équipe tunisienne. Non pas par manque de talent, mais par manque de disponibilité. «Avec la fin de mes études et mon choix de rester au Québec, si je passe tous mes étés en Tunisie avec la sélection, ça ne va pas m’aider pour ma demande de résidence permanente», explique le volleyeur.

L’absence de championnat professionnel au Canada ne lui permettra pas non plus de continuer à progresser. Pour se lancer pleinement dans le volleyball, il aurait du partir jouer en Europe à la fin de l’été. Mais tant pis, habiter au Québec est le souhait le plus fort du Montréalais d’adoption.

«Je suis triste de ne pas pouvoir continuer à faire les deux. C’est douloureux de dire non aux Jeux olympiques de Paris», regrette Yassine.

Le Montréalais tourne ainsi une page de son histoire avec le volleyball, mais il en écrit une autre. Grâce à ses diplômes obtenus au Québec, il va lancer son entreprise en intelligence artificielle qui offrira aux équipes de volleyball des analyses sur l’efficacité de leurs joueurs.

«Le volley, c’est toute ma vie, je ne peux pas m’en éloigner. J’ai envie de redonner au Québec ce qu’il m’a donné», sourit Yassine.

Un nouveau défi pour le Montréalais et, comme à chaque fois, jamais loin du volleyball.

Inscrivez-vous à notre infolettre et recevez un résumé, dès 17h, de l’actualité de Montréal.

Articles récents du même sujet

/** N3 */

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.