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Investissement en santé mentale: «Ça ne fait qu’éteindre des feux»

Personne ayant des troubles de santé mentale
Photo: Métro Média/Archives

L’investissement de 100 M$ du gouvernement Legault pour s’attaquer aux listes d’attente des services en santé mentale est bien reçue par les organismes locaux œuvrant dans ce milieu. On espère que des investissements continueront d’être annoncés dans le futur, car ce montant n’est pas récurrent.

La crise sanitaire a exacerbé les problèmes liés à la santé mentale, mais la situation était déjà criante avant la pandémie. Au Canada, une personne sur cinq sera personnellement touchée par la maladie mentale au cours de sa vie, et cela concerne les personnes de tous âge et de tous les milieux sociaux.

Le CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal, où est situé l’Institut universitaire en santé mentale Douglas, indique qu’il est trop tôt pour identifier dans quels programmes spécifiques l’argent sera alloué. L’investissement permettra, entre autres éléments, une meilleure accessibilité aux services, particulièrement pour les 0-25 ans. Cela servira aussi à améliorer le dépistage et à assurer la fluidité des soins, de l’évaluation jusqu’à la prestation de services.

Ressources

De son côté, l’organisme Parents et amis du bien-être mental du Sud-Ouest de Montréal (PABEMSOM) a remarqué une hausse importante des demandes pour leurs services, surtout durant le deuxième confinement.

PABEMSOM s’adresse aux proches des personnes qui souffrent de problèmes de santé mentale. Le personnel accompagne les familles qui sont touchées de près par la maladie, que ce soit une personne aux prises avec un trouble anxieux, la schizophrénie, un trouble de la personnalité limite, etc. Il accueille favorablement l’annonce du gouvernement en santé mentale. «C’est un pas dans la bonne direction, mais ça va juste éteindre des feux», estime Suzanne Doray, porte-parole du PABEMSOM.

«En l’absence de ressources, les personnes qui ont des problèmes de santé mentale vont tarder à aller chercher de l’aide et ça finit par se retrouver entre les mains des familles», explique Mme Doray. Elle souligne que les besoins en santé mentale sont «immenses» et qu’ils existent depuis longtemps.

«Quand une personne a un problème de santé mentale et qu’elle est prête à consulter, souvent après avoir été dans le déni pendant longtemps, il ne faut pas attendre un an [avant de l’aider]. Ça ne marchera pas, soulève Mme Doray. Il faut qu’elle puisse avoir des ressources tout de suite.»

La stigmatisation rattachée aux maladies mentales est un obstacle aux diagnostics et aux traitements. «Plus on va se concentrer autour de la sensibilisation, plus on va faire en sorte que le tabou tombe et que les gens qui ont des problèmes vont aller chercher de l’aide. Mais il faut que cette aide soit disponible à ce moment-là», mentionne la porte-parole.

Sensibilisation chez les jeunes

Parmi les 100 M$ alloués à la santé mentale, 19 M$ serviront à la création et l’implantation d’«équipes sentinelles» qui auront le mandat d’aller à la rencontre des clientèles vulnérables, comme les jeunes.

«C’est encore très tabou chez les jeunes, les problèmes de santé mentale. Ça ne sera pas mauvais qu’il y ait de la sensibilisation qui soit faite au niveau des écoles, pour que les jeunes aillent chercher de l’aide», estime Mme Doray. D’ailleurs, la maladie mentale menace de plus en plus d’adolescents. Au Canada, le taux de suicide chez les jeunes est le troisième plus élevé des pays industrialisés, selon l’Association canadienne pour la santé mentale.

D’autre part, la pandémie aura permis au public et au gouvernement de parler davantage de santé mentale. Mme Doray espère que cela se poursuivre et que ces problèmes soient un jour considérés comme aussi importants que les maladies physiques.

800 000

Au Québec, 800 000 personnes sont touchées par une dépression majeure et de 2,1 à 3,4 millions au pays. Une fois la dépression diagnostiquée, 80 % des personnes qui reçoivent de l’aide peuvent reprendre leurs activités habituelles.

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