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Évictions: la «gentrification par abandon» sévit à Verdun

Des militants se sont rassemblés en appui aux locataires évincés par un propriétaire connu dans l’arrondissement de Verdun. Photo: Katrine Desautels/Metro Media

Plus d’une vingtaine de citoyens se sont rassemblés devant un immeuble de la rue Hickson, à Verdun, en appui aux locataires évincés, dont une dame en situation de vulnérabilité qui devait quitter son logement aujourd’hui (26 août).

Selon les informations du Comité d’actions des citoyens de Verdun (CACV), le propriétaire qui a acquis l’immeuble il y a un an est bien connu dans l’arrondissement. Il aurait acheté plus de 2000 logements au total cette année.

Il serait un employé haut placé d’une société immobilière qui gère des propriétés résidentielles privées au Québec. On peut lire sur le site Web Logement expert que cette compagnie a acquis quelques milliers d’unités et qu’elle continue de prendre de l’expansion «au moyen d’acquisitions stratégiques».

«[Le propriétaire] évince les locataires actuels dans le but de relouer les logements à des prix scandaleux. Il est en train de vider discrètement des logements de la rue Hickson, tout en les laissant tomber en ruines, de manière à se débarrasser des locataires qui y résident», peut-on lire dans la missive envoyée par le CACV. 

L’un des résidents de l’immeuble, Michael Scuirez, estime qu’il y aurait plus d’une centaine d’éléments qui ne respecteraient pas les normes de salubrité. En entrant dans l’immeuble, on remarque la présence de graffitis sur les murs et de trous sur les plafonds, ainsi que le sol malpropre. Il y a eu aussi des problèmes de vermines au sous-sol et des coquerelles sont présentes sur tous les étages, mais rien n’a été fait par le propriétaire. Ce dernier aurait même arrêté d’employer une personne pour sortir les poubelles de la bâtisse. Il s’agit d’une stratégie des propriétaires qui souhaitent évincer, soit «la gentrification par abandon», relate le CACV.

«Ça arrive beaucoup les rénovictions à Verdun. Ça peut m’arriver à moi, à mon voisin, à pas mal tout le monde dans le quartier et oui, ça me fait peur.»  

Gabriel, locataire de Verdun

Logement abordable, une rareté 

La dame en situation précaire sur la rue Hickson n’a pas voulu s’adresser aux médias. À la dernière minute, les meubles de la dame ont été sauvés et seront entreposés. Elle aura aussi un toit pour la nuit et des pistes de solution pour la suite grâce au travail des organismes locaux.

Son voisin, Michael Scuirez, était bouleversé par la situation. Il indique que tous les locataires de l’immeuble de trois étages doivent quitter leur unité d’ici le mois d’octobre. «Ça n’a pas de bon sens ce qui se passe. La dame n’a toujours rien trouvé [pour se loger]», soutient-il.

M. Scuirez payerait 500$ par mois pour son logement actuel de la rue Hickson, qu’il habite depuis 15 ans. Il est à la recherche d’un autre logement abordable depuis quelques mois. Le Verdunois a demandé de l’aide à des amis pour trouver un toit, mais le temps file et M. Scuirez est de plus en plus stressé. 

«J’espère trouver quelque chose d’ici là. En ce moment, ce n’est vraiment pas facile de trouver quelque chose. Il n’y a plus rien d’abordable», témoigne-t-il.

Parmi les manifestants devant l’immeuble à logements, on retrouvait Gabriel, qui a préféré ne pas mentionner son nom de famille pour conserver l’anonymat.

Pour lui, il était important de militer et de montrer son appui à la dame évincée. «On dit que c’est dégueulasse à l’intérieur de l’immeuble parce que ce n’est pas entretenu. Je trouve cela révoltant comme situation», lance-t-il.

L’absence de recours pour la locataire et le fait que la propriétaire puisse évincer légalement le fâchent grandement.

Contacté par Métro IDS/Verdun, le propriétaire en question n’a pas voulu émettre de commentaires.

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