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«Petits pitbulls» au grand coeur

Chantal Richer et Josée Théorêt, deux infirmières de l’Hôpital de Lachine, s’encouragent afin de surmonter cette période difficile tout en gardant leur distance. Photo: Messager Lachine & Dorval - Éric Martel

Deux infirmières d’expérience travaillent au triage à l’Hôpital de Lachine. Malgré de longues heures habillées presque en scaphandre, Josée Théorêt et Chantal Richer sont fières d’être de «petits pitbulls», comme elles se qualifient à la blague, en raison de leur rôle de chien de garde.

Leur travail consiste à accueillir les patients, puis de les diriger vers le service approprié en fonction de leurs symptômes. Leur mandat est donc principalement d’éviter que des personnes infectieuses propagent le coronavirus.

«J’ai vu des patients atteints de la COVID et je peux vous affirmer qu’ils souffrent, insiste Josée Théorêt. Et ce ne sont pas que des personnes faibles, c’est monsieur et madame Tout-le-Monde.»

Infirmière à l’urgence, les précautions sont beaucoup plus importantes qu’en temps normal, en raison des craintes de contracter le virus.

«J’ai peur de devenir un vecteur de contamination, avoue-t-elle. Ça m’empêche de dormir des fois, je me demande si j’ai touché un patient, si je portais bel et bien mon masque. Mais on se parle, on s’aide. Je sais que ça va bien aller.»

De son côté, Mme Richer, une infirmière auxiliaire depuis 25 ans, travaille habituellement au bloc opératoire. Elle a choisi d’aller au front en étant mutée au triage, en plus de modifier son horaire pour travailler le soir. «Je me sacrifie pour mes collègues qui ont des enfants en bas âge», explique-t-elle.

En temps normal, elle soutient les patients en leur donnant des médicaments ou en prenant leurs signes vitaux. Son rôle a complètement changé. «On doit faire énormément d’éducation, note-t-elle. On doit gérer les gens qui sont parfois stressés ou même insoucieux.»

Cri du coeur

Toutes deux implorent les citoyens de respecter les mesures de confinement et d’hygiène. «Je me bats en dedans [de l’hôpital] pendant que certains viennent tout gâcher. Ça vient me chercher», confie Chantal Richer.

Idem pour Mme Théorêt qui s’empêche de voir ses petits-enfants dont elle s’ennuie énormément. «D’un point de vue familial, ce sont de gros sacrifices qu’on fait, lâche-t-elle, en étouffant un sanglot. On est assez fatiguées, épuisées même avec tout ça.»

Malgré les quarts de travail de 16 heures qui s’enchaînent, l’infirmière qui prendra sa retraite dans moins de deux ans demeure positive. «C’est une fin de carrière rock’n roll, mais j’en suis très fière, lance-t-elle. La sensation d’aider les gens, d’être solidaire à mes collègues, c’est plus important que le reste.»

La vague d’amour qui déferle envers le personnel médical, sur la ligne de front contre la pandémie, leur fait «beaucoup de bien.»

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