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Retrait des avis publics dans Le Messager

Photo: Métro Média - Pascaline David

Les avis publics n’apparaîtront plus dans le Messager LaSalle pour être uniquement publiés sur le site internet de l’arrondissement, à compter du 1er juillet.

À la suite de l’adoption du projet de loi 122 par Québec, l’année dernière, il est possible pour une municipalité de déterminer les modalités de publication de ses avis publics.

«Avec la nouvelle législation, le gouvernement a eu la vision que les journaux locaux étaient peut-être pour disparaître», indique la mairesse de LaSalle, Manon Barbe.

Les avis seront accessibles sur la page d’accueil du site internet de l’arrondissement, par l’entremise d’un bouton mis en évidence, ainsi que sur les réseaux sociaux.

Selon Mme Barbe, LaSalle est le premier arrondissement montréalais à prendre cette décision. Ailleurs au Québec, des municipalités comme Sorel-Tracy et La Prairie ont déjà franchi le pas.

Fossé numérique
Durant la séance du conseil du 7 mai, la citoyenne Sonia Susjnar a demandé comment les résidents qui n’avaient pas facilement accès à l’internet pouvaient se tenir au courant des consultations publiques, des séances extraordinaires ou autres informations, divulguées grâce aux avis.

«Ceux qui ne sont pas équipés du web peuvent aller à la bibliothèque, c’est gratuit», a répondu Mme Barbe.

Pour la professeure au département de science politique à l’Université du Québec à Montréal (UQÀM), Isabelle Gusse, il existe ici un fossé numérique. «Le problème est le manque de transition, estime-t-elle. On part du principe que tout le monde est branché et on s’épargne, comme institution politique, la charge de donner l’accès aux gens plus défavorisés», estime-t-elle.

Mme Gusse se demande si les citoyens ne vont pas finir par oublier qu’il existe des avis publics. «Il faut penser à ceux qui ne vont pas sur Facebook ou qui en débarquent à cause des algorithmes», ajoute-t-elle.

Pour Mme Susjnar, il s’agit d’une «disgrâce démocratique».

Revenus
Ce changement offrirait toutefois plusieurs avantages selon l’arrondissement, tels que raccourcir les délais pour les citoyens qui ont besoin de dérogation mineure pour effectuer des travaux ou ne pas être contraint par les dates de tombée et les coûts de parution dans les journaux.

Cette décision permettra ainsi à LaSalle de générer une économie d’environ 20 000 $ par an.

«Le numérique fait en sorte que les revenus publicitaires des médias vont vers le web, mais sont généralement moindres, fait savoir Simon Thibault, chercheur et professeur adjoint au département de science politique de l’Université de Montréal. Les médias les plus fragiles sont des médias locaux.»

Selon lui, ce virage s’inscrit dans une tendance lourde où l’écosystème médiatique local est menacé par cette migration des revenus. «Quand on voit ce qu’il se passe avec un gros joueur comme La Presse, on remarque que la crise est profonde. C’est très préoccupant pour les observateurs», ajoute-t-il.

Tout comme Mme Gusse, M. Thibault se pose la question de l’accès à l’information, à savoir si tous les citoyens consulteront le site internet de l’arrondissement. «Avant, les avis publics étaient là, on pouvait choisir de les lire ou non. Maintenant, il faudra faire la démarche d’aller vérifier», conclut-il.

Le règlement sera adopté officiellement lors de la séance du conseil d’arrondissement du 4 juin et prendra effet à partir du 1er juillet.

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