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Fermeture difficile du centre de tri RAMI à LaSalle

Un employé de RAMI
RécupérAction Marronniers est implanté à LaSalle depuis 1982. Photo: Archives

La direction de RécupérAction Marronniers (RAMI) aura tout essayé pour éviter de mettre la clé sous la porte après 38 ans dans LaSalle. Les tentatives ayant échoué, c’est à contrecœur que le centre de tri, employant une centaine de personnes handicapées, a mis un terme à ses activités.

Déjà lourdement affaibli par la crise du marché asiatique qui a touché l’ensemble du secteur des matières recyclables, RAMI n’était pas en position d’encaisser un autre coup dur. Or, la pandémie est arrivée sans prévenir, contraignant la majorité des quelque 700 clients du centre de tri de cesser ou ralentir leurs opérations. L’impact s’est rapidement fait sentir à LaSalle.

«RAMI a écopé, je dirais, à 75% de l’effondrement des prix lorsque la Chine a arrêté de prendre des matières recyclables de partout dans le monde. On ne vendait pas en Asie, mais tous les marchés ont été affectés, indique le directeur général, Mario Lacroix. Avec la COVID qui est venue s’ajouter aux problèmes financiers, malheureusement on n’a pas pu s’en remettre.»

Les tours de bureaux du centre-ville représentaient le principal fournisseur du centre de tri. Dès que le télétravail s’est instauré massivement au sein des entreprises, RAMI s’est retrouvé sans boulot pour sa main-d’œuvre.

«On avait déjà évalué que 25 à 30 de nos travailleurs tomberaient sans parachute, dans le sens où il n’y aurait rien sur le plan social pour les aider.» – Mario Lacroix, directeur général de RAMI

«Ça a mis fin abruptement aux opérations. On a perdu la totalité des matières. Si on prend juste un édifice comme la Place Ville-Marie qui pouvait fournir 50-60 tonnes par mois, c’est descendu à 2-3 tonnes. Il n’y avait plus aucune matière à trier, donc plus de ventes», explique M. Lacroix.

Dans un contexte où les centres de tri de collectes sélectives ont reçu davantage de matières pendant la période de confinement en raison du nombre inhabituel de familles qui restaient chez-elles, le directeur général confie s’être senti isolé dans sa situation.

«RAMI était l’unique centre de tri de matières en provenance des tours de bureaux, commerces et institutions. On devenait comme le seul à avoir des problèmes. Pas que ce n’était pas important, mais il y avait moins de pression pour solutionner de la part des paliers de gouvernement. On a essayé autant comme autant et ils ont tous répondu présents, mais ça ne s’est pas concrétisé. Faute de temps, faute de moyens, faute de la COVID», résume l’homme.

Répercussions

L’entreprise adaptée comptait plus de cent employés souffrant de déficience intellectuelle ou physique ou de problèmes de santé mentale. À LaSalle, ils formaient 80% de l’équipe. Pour Mario Lacroix, ce sont eux les plus impactés par la fermeture de juin. Des compagnies ont été sollicitées pour leur trouver un nouvel emploi.

«On a relocalisé plus de la moitié. Toutefois, ceux qui ont des handicaps plus grands ont moins de chance de se retrouver un emploi, déplore-t-il. On a fait dix rencontres avec les employés et elles se sont pas mal toutes finies les yeux pleins d’eau.»

Considérant que le centre était un des derniers joueurs dans le tri de papier acheminé par les bureaux de la métropole, M. Lacroix ignore quelle sera désormais la façon de procéder. «Ça risque de faire partie d’une espèce de mélange de matières qui se rendra sur le marché asiatique. Il n’y a plus vraiment de papetière en Amérique du Nord qui est intéressée à recevoir ces matières mélangées.»

Du côté de la ville-centre, on indique que RAMI réalisait, jusqu’à sa fermeture, la collecte de matières recyclables générées par les opérations courantes de 24 bâtiments municipaux. Ceux-ci sont maintenant desservis par les contrats de collecte en bordure de rue.

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