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L’évangile numérique: ces églises qui se tournent vers le Web

Le père Boboruta dans son églises.
Le père Boboruta devant son autel. Les lieux de culte étant fermés en raison du confinement, plusieurs églises se tournent maintenant vers le Web. Photo: Félix Lacerte-Gauthier

À l’approche de Pâques, alors que tous les lieux de culte sont fermés en raison des mesures de confinement, plusieurs églises se tournent vers le Web afin de rejoindre leurs fidèles.

« Les portes de l’église peuvent être fermées, mais notre mission n’arrête jamais », lance d’emblée Caleb Barthélus, pasteur au Centre Évangélique Universel de Montréal (CEUM), dans le quartier Saint-Michel.

Dès les premières mesures d’urgence annoncées par le gouvernement provincial, le CEUM s’est rapidement « mis en mode ajustement », notamment en se tournant vers Facebook. Une prédication diffusée récemment y a d’ailleurs été visionnée près de 2 000 fois.

« Internet nous expose à un public beaucoup plus large. C’est même plus populaire que lorsque l’église est ouverte, s’exclame M. Barthélus. En temps de crise, nos regards sont souvent tournés vers un discours de foi. Je crois que la situation crée un certain besoin de spiritualité. »

Pasteur à l’église de Dieu de la Prophétie Montréal-Nord-Ouest, Joseph Jr Clorméus voit également ce regain d’intérêt pour la religion. « Chaque fois qu’il y a une crise, ça amène des questions existentielles. Je reçois beaucoup d’appels de personnes qui ne fréquentaient pas l’église auparavant, qui veulent être rassurées et accompagnées. »

Il croit néanmoins que ces personnes retourneront à leurs anciennes habitudes une fois que la situation se sera stabilisée.

L’église autrement

Cet engouement s’est vu en France. Alors que les rassemblements religieux sont proscrits, les cotes d’écoute de l’émission Le Jour du Seigneur ont récemment plus que triplé. Le 22 mars, cette messe catholique télédiffusée a été regardée par 1,7 million de personnes. Du jamais vu.

À défaut d’avoir accès aux ondes publiques, des églises de toutes les dénominations se tournent vers des plateformes de webdiffusion comme YouTube ou Facebook.

« L’Église n’est pas nécessairement un bâtiment. C’est la somme des personnes qui croient aux enseignements du Christ », lance d’emblée Bertholi G.Gaspard, pasteur à l’église La Mission, située à Anjou.

Ce dernier explique que la plupart de ses fidèles ont moins de 40 ans. Une jeunesse qui a fait en sorte que la présence de l’église sur les réseaux sociaux était déjà importante.

« Nous étions déjà une église 3.0, révèle-t-il en riant. Lorsque les mesures de confinement sont entrées en vigueur, nous avons simplement bonifié nos services. »

Néanmoins, pour capter l’attention des internautes, il faut s’adapter. Surtout qu’avec le Web, les églises sont en compétitions avec toutes sortes de contenus.

« Les gens sont confinés à la maison, mais ils ont des préoccupations, comme de prendre soin de leur famille, rappelle M. Gaspard. On ne veut pas accaparer leur temps ; les prêches vont durer 20 minutes au maximum. »

S’adapter rapidement

Les mesures de confinement forcent certaines églises à prendre le virage numérique beaucoup plus rapidement qu’elles ne l’auraient imaginé.

« On n’était pas encore prêt pour cela, admet le pasteur Benoit Constant, à l’église baptiste évangélique de Saint-Léonard. En une semaine, nous y sommes arrivés. Le besoin est la mère de l’innovation », rappelle-t-il.

Il préfère voir ce passage difficile comme l’occasion de développer le volet Web. Reste à voir comment inclure les aînés moins familiers avec les technologies et les personnes qui n’ont pas d’Internet à la maison.

Pour M. Clorméus, à Montréal-Nord, certains de ces changements seront définitifs. « La technologie est devenue un incontournable, et elle a amené d’autres formes de communions. Même après l’épidémie, je crois que les pratiques religieuses vont continuer de se renouveler », prédit-il.

Célébrer Pâques différemment

Si plusieurs églises protestantes sont déjà bien implantées sur Internet, la situation n’est pas toujours la même pour les catholiques.

« Nous n’avons pas le Wi-Fi, ni de moyen de transmission », admet le père Adrian Boboruta à l’église de Saint-Léonard. Il espère néanmoins trouver l’équipement nécessaire à une telle diffusion d’ici la semaine sainte. « J’espère au moins une célébration pour le dimanche de Pâques », souhaite-t-il. Il ajoute que le site Web de l’archevêché de Montréal diffuse déjà certaines célébrations.

De son côté, M. Barthélus compte user d’imagination pour célébrer Pâques malgré les circonstances. « On va faire tout ce que nous pouvons. Les fidèles seront invités à communier en prenant du pain et du jus de raisin. »

« C’est sûr que ça fait de la peine de ne pas pouvoir se rassembler pour Pâques, mais c’est comme ça pour tout le monde, et la situation est temporaire », conclut M. Constant

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