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La tension monte au Port de Montréal

Une douzaine de débardeurs en piquetage devant l’entrée Viau du Port de Montréal jeudi après-midi. Photo: Naomie Gelper/Métro

Un conflit de travail sévit présentement au Port de Montréal alors que des débardeurs ont déclenché une grève de quatre jours dont l’enjeu principal est les horaires de travail.

Le Syndicat des débardeurs du Port de Montréal (SCFP 375), lequel représente les 1125 débardeurs, tente de renégocier un contrat de travail depuis que la convention collective est venue à échéance le 31 décembre 2018.

Le président de l’Association des employeurs maritimes, Martin Tessier, affirme qu’il est d’accord pour «moderniser» la convention collective. «Mais pas juste d’un bord, des deux côtés», a-t-il ajouté.

Dû à la forte activité du Port de Montréal, les débardeurs sont sollicités pour travailler 19 jours sur 21, avant d’avoir un congé de deux jours, déplorait le syndicat lundi.

Martin Tessier estime que «ça fait partie de l’ADN d’un débardeur» de travailler plus que la moyenne. «Lorsqu’ils sont appelés à travailler avec un secondaire 5 et un permis de conduire valide, ils peuvent aller chercher de la rémunération globale qui tourne autour de 145 000$ par année», soutient-il.

On a acheté une partie de la flexibilité personnelle des débardeurs. -Martin Tessier, président de l’Association des employeurs maritimes

Épisode violent

Mardi, la tension a monté d’un cran quand les syndiqués ont découvert la présence de gestionnaires de la compagnie Termont Montréal inc., qualifiés comme des «briseurs de grève» par le SCFP 375.

Les cadres accomplissent des tâches normalement effectuées par les syndiqués, comme le permet la loi. 

Tard mercredi soir, les fonctionnaires et les gardiens de sécurité de l’agence Gardium embauchés pour les protéger ont été intimidés et attaqués par un groupe de plus de 50 débardeurs.

«Il y a des gens qui ont reçu des tapes sur la margoulette et des coups de poings, des gens se sont fait voler leur portefeuille, leur téléphone, relate Martin Tessier. Pour moi, c’est inacceptable.»

Le syndicat prend l’entière responsabilité et explique le geste par la provocation de l’employeur. Pour l’instant, aucune mesure disciplinaire ne serait envisagée pour les syndiqués fautifs.

Une plainte a été déposée au Service de police de Montréal. «Je fais confiance au système de justice et je vais respecter les mesures qui seront prises», a déclaré M. Tessier.

Impacts économiques

Dans un communiqué publié aujourd’hui, le Conseil du patronat du Québec, la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante, la Fédération des chambres de commerce du Québec et Manufacturiers et Exportateurs du Québec se sont dit «extrêmement préoccupés» par l’impact sur l’économie de la situation qui escalade dans le Port de Montréal.

«En décidant d’interrompre leurs activités au port, c’est notre économie qu’ils prennent en otage, surtout alors que la période actuelle est cruciale pour réussir à la relancer», peut-on lire.

Martin Tessier partage cette inquiétude. Il soutient que «85 à 90% de tout ce qui est consommé par la population de l’est du Canada arrive par le Port de Montréal.»

L’Administration portuaire inquiète

L’Administration portuaire de Montréal se dit elle aussi «préoccupée» par la situation qui peut avoir un impact sur les activités portuaires «essentielles à la bonne marche de l’économie et, dans certains cas, pour la santé et la sécurité du public.»

«Un arrêt ou un ralentissement prolongé des opérations portuaires n’est pas souhaitable pour la chaîne logistique et d’approvisionnement, ni pour les entreprises et citoyens qui bénéficient du transit des marchandises», a indiqué par courriel la directrice des communications à l’Administration portuaire de Montréal, Mélanie Nadeau.

Elle affirme que, pour le moment, une douzaine de navires connaissent un impact de retard direct et doivent soit rester à quai plus longtemps que prévu, soit s’ancrer ou ralentir leur course avant d’arriver au Port de Montréal.

Un deuxième syndicat en grève

Un autre syndicat, celui des vérificateurs qui représente environ 175 travailleurs, entamera des moyens de pressions dans le port dès demain, 6h. Cette grève se terminera le 1er août 2020 à 7h.

«L’Association des employeurs maritimes qui représente les exploitants de terminaux a refusé de reconnaître et de négocier de nombreuses clauses touchant la sécurité d’emploi et la juridiction des tâches de nos membres », a déclaré le président de la section locale 1657 de l’Association internationale des débardeurs (Vérificateurs), Ian Mulcahy.

Selon le syndicat, les opérateurs de terminaux ont implanté une technologie dans le but d’éliminer les emplois des vérificateurs. Plusieurs clauses, dont les horaires et les heures de travail, demeurent également non résolues et empêchent les parties de conclure une entente afin de renouveler la convention collective.

Martin Tessier comprend la réaction du Syndicat des vérificateurs. «Ce n’est pas quelque chose qui nous inquiète», dit-il.

110 000$

Selon les chiffres du ministère du Travail de la province de 2015, les débardeurs du Québec gagnent en moyenne 110 000 $ avant les prestations.

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