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Les Montréalais noirs encore largement défavorisés économiquement, selon Statistique Canada

À Montréal, les personnes noires gagnent encore beaucoup moins que la moyenne de la population. Photo: 123rf

Salaires plus faibles et taux de chômage plus élevé; de fortes inégalités économiques entre les Noirs et le reste de la population persistent au pays, notamment à Montréal, selon un nouveau portrait dressé par Statistique Canada.

Chez les hommes, il y a un écart de 16 000$ entre le salaire moyen des Montréalais noirs (34 240$) et celui des autres travailleurs de la métropole (50 300$).

Le salaire moyen des femmes noires (30 700$) est lui aussi largement en deçà de celui des femmes montréalaises (39 150$).

Par ailleurs, le taux de chômage est près de deux fois plus élevé chez les personnes noires (11%) que la moyenne (6%).

Les données proviennent du recensement de 2016. Le portrait dressé par Statistique Canada a été publié dans le cadre du mois de l’histoire des Noirs.

«Écarts considérables»

Gabriel M. Bazin, vice-président de la Ligue des Noirs du Québec, n’est pas «surpris» de voir des écarts, mais se dit choqué de constater que ceux-ci soient aussi «considérables».

Il croit que le phénomène est dû en partie à des barrières qui rendent difficile l’accès à des emplois bien rémunérés. Selon lui, des politiques devraient être mises en place pour embaucher davantage de personnes issues des minorités visibles.

«Mon premier sentiment, c’est d’être frustré», exprime pour sa part le documentariste et militant Will Prosper, qui exprime lui aussi peu de surprise devant ces chiffres.

M. Prosper croit que ces statistiques ne sont pas le reflet de racisme, mais plutôt de biais systémiques. «Il y a des gens qui donnent des salaires moindres à ces personnes-là de manière inconsciente, croit-il. Les Noirs vont avoir des emplois qui vont être plus précaires et plus à risque.»

Précarité chez les femmes noires

Si les inégalités salariales entre les hommes et les femmes sont connues et documentées, ces statistiques montrent qu’elles frappent particulièrement les femmes noires de Montréal. Celles-ci gagnent en moyenne 20 000$ de moins que les hommes.

Pour Alexandra Pierre, qui s’implique depuis une douzaine d’années dans des groupes de femmes et qui s’intéresse au féminisme intersectionnel, ces chiffres montrent la pertinence de s’intéresser à la situation des femmes plus marginalisées.

«Au-delà de [comparer les hommes et les femmes], il y a un besoin de tenir compte du fait que toutes les femmes n’ont pas les mêmes conditions de vie pour arriver à des réflexions et des politiques féministes.»

Selon elle, les femmes noires vivent une double oppression, ce qui explique l’écart salarial. «Les tâches qui incombent aux femmes,  comme la responsabilité des enfants, on connait ça. Ça a un poids sur leur place dans le marché du travail. Mais quand on a des emplois plus précaires et moins bien rémunérés comme c’est le cas des femmes noires, l’impact est encore plus fort.»

Dans plusieurs domaines, il existe des programmes pour embaucher davantage de personnes issues de la diversité. Cependant, ces mesures sont trop «imprécises» pour qu’elles aient un impact positif sur les femmes noires, selon Mme Pierre.

«Ça ne prend pas en compte que ça se peut être une femme et minorité visible en même temps. Ces mesures manquent leur cible et ce sont plutôt des hommes qui sont engagés».

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