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Violences sexuelles: l’aide doit être mieux adaptée à Montréal-Nord

L’aide financière promise par Québec et Ottawa aux maisons d’hébergement pour femmes victimes de violence sont nettement insuffisantes, déplore la Maison Dalauze, un établissement de l’est de Montréal, plus sollicité que jamais.
Photo: Deposit photos

Une seule femme a demandé l’aide du groupe de soutien en violences sexuelles de Montréal-Nord depuis sa création, alors que le quartier compte pourtant un taux alarmant de dénonciations à la police. Un signe que les services doivent être mieux adaptés aux besoins spécifiques de la communauté, selon des intervenantes.

En janvier 2019, l’organisme Halte-femmes, spécialisé en violences conjugales, a mis sur pied la première ressource en matière de violences sexuelles à Montréal-Nord, soit un «groupe de soutien» qui pouvait compter sur l’aide ponctuelle d’une intervenante.

Cette action se voulait une réponse aux statistiques alarmantes du Service de police de la Ville de Montréal qui dévoilaient qu’en 2017, on comptait environ deux fois plus de plaintes pour agressions sexuelles à Montréal-Nord qu’ailleurs à Montréal.

Pourtant, en près de deux ans, une seule Nord-Montréalaise a sollicité l’aide de ce groupe, révèle la directrice de Halte-femmes, Sophie Lemay. Selon elle, il reste beaucoup de travail à faire pour venir réellement en aide les victimes de l’arrondissement.

La prévention «primordiale»

Sophie Lemay reconnaît que le service qu’offre son organisme est insuffisant pour renverser la tendance dans le quartier. Non seulement les ressources, mais aussi l’éducation aux jeunes doivent être améliorées, croit-elle.

«Ce qu’on constate, c’est que les femmes ne reconnaissent pas qu’elles sont victimes d’agressions sexuelles. On doit faire un travail en amont pour que les femmes puissent mettre les mots et puissent être référées ensuite vers les ressources.» -Sophie Lemay, directrice de Halte-femmes Montréal-Nord

«De pouvoir faire de la prévention, de la sensibilisation dans les écoles secondaires, qui vont parler des saines relations amoureuses, sexuelles, ça va être quelque chose de primordial», soutient Mme Lemay

Un nouveau projet

Faire de la prévention, c’est l’un des volets du nouveau projet de l’organisme Hoodstock et de l’Université Concordia. L’initiative vise à mettre sur pied une ressource adaptée aux besoins particuliers de Montréal-Nord.

«C’est urgent à Montréal-Nord d’avoir une ressource qui allait pouvoir accompagner les survivantes [de violences sexuelles]», pense la cofondatrice de Hoodstock, Nargess Mustapha.

Le projet est encore embryonnaire, mais il sera axé sur une approche adaptée à la diversité culturelle du quartier, où 42% de la population est née à l’extérieur du Canada.

Selon Mme Mustapha, l’approche des services publics actuellement en place manque de sensibilité et de compréhension des réalités des personnes racialisées, ce qui les pousse à ne pas les utiliser.

«Ce sera plutôt une nouvelle couche d’aliénation et de trauma pour les femmes qui les consultent», dit-elle. Le projet prendra une tout autre avenue et sera bâti en tenant compte de ces différentes réalités.

L’organisme compte inclure un volet de sensibilisation au sein des écoles secondaires, où l’on enseigne trop peu, voire mal la prévention des violences sexuelles auprès des jeunes Nord-Montréalais, affirme Mme Mustapha.

«Quand les programmes prévention et de sensibilisation viennent à Montréal-Nord, il n’y a pas de sensibilité à la réalité des jeunes qui viennent avec des backgrounds ethnoculturels et raciaux divers.»

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