Un campement de fortune démantelé à Montréal-Nord
L’arrondissement de Montréal-Nord a démantelé mercredi matin un campement de fortune où vivaient sept personnes en situation d’itinérance.
Le groupe a dû quitter le dépôt à neige près de la rue de Charleroi, un terrain de la Ville-centre où l’arrondissement tolérait le campement depuis quelques semaines.
«On nous a dit trois semaines, finalement, on a eu un avis de 48 heures», tonne Rock Charest, qui vit entre sa tente et des ressources d’hébergement temporaires depuis deux ans.
Pour sa part, Alain Richer a annulé une visite de logement pour défaire sa tente et ramasser ses affaires.
Victime d’une «rénoviction» il y a plus de trois ans, il peine depuis à trouver un toit abordable dans le quartier.
«Les logements sont trop chers pour les revenus. […] Avec le temps, on se décourage. On est tanné de chercher. Les prix ont augmenté avec la pandémie.»
Alain Richer, campeur
Pas sécuritaire, selon la mairesse
Pour la mairesse de Montréal-Nord, Christine Black, il était clair depuis plusieurs semaines que le démantèlement pouvait se produire d’un jour à l’autre.
Elle s’est elle-même rendue sur place vendredi. «On ne pouvait pas encore donner de date, mais c’est très clair que le démantèlement était imminent», a-t-elle déclaré en entrevue téléphonique.
Le 20 août, son équipe avait constaté que le campement était passé de deux à cinq tentes, soit sept campeurs.
«C’est un endroit qui n’est pas sécuritaire, c’est isolé au fond d’un terrain. Pour moi, c’était un geste responsable d’accompagner les personnes humainement vers des ressources pour les aider à retrouver leur autonomie.»
Christine Black, mairesse de Montréal-Nord
L’Amour en action, une halte-chaleur d’une quinzaine de lits installée dans le quartier depuis novembre, a accueilli six des sept campeurs, a précisé Mme Black.
Leurs effets ont été entreposés dans des casiers de l’arrondissement le temps qu’ils trouvent une situation plus stable.
Crise du logement
Le comité logement de Montréal-Nord dénonce un démantèlement «expéditif», en pleine crise du logement.
«Ça s’est fait à deux jours d’avis. C’est une décision unilatérale des élus. Ça met en péril le travail qu’on a fait en amont avec ces personnes-là», martèle Rémi Jean-Lefebvre, organisateur communautaire.
Il souligne que la crise du logement sévit aussi à Montréal-Nord, où les «rénovictions» et autres tactiques d’éviction sournoises des propriétaires se multiplient depuis un an et demi.
De son côté, la députée libérale de Bourassa-Sauvé, Paule Robitaille, fustige le gouvernement de la Coalition Avenir Québec. «Si le ministre [délégué aux Services Sociaux] Lionel Carmant avait mis de l’avant son plan d’action contre l’itinérance et déployé les ressources appropriées, on n’en serait pas là», a-t-elle déclaré.
En pleine crise du logement, elle estime que Québec n’en fait pas suffisamment pour aider la Ville-centre et l’arrondissement.