Arrestation de la sœur de PKP: des policiers sanctionnés
Dix ans après l’arrestation musclée de la sœur de Pierre Karl Péladeau, qui avait tourné en boucle dans les bulletins de nouvelles, trois policiers ont été suspendus.
En octobre 2005, une poursuite policière dans les rues de Saint-Léonard et Montréal-Nord a mené à l’arrestation d’Anne-Marie Péladeau et d’Éric Kennedy.
Des images captées par une chaîne de télévision ont montré que l’agent Roberto Sforza a poussé la tête de la prévenue contre le bord du châssis de l’autopatrouille, créant la controverse.
En juillet 2014, le Comité de déontologie policière du Québec a jugé que l’agent Sforza «a abusé de son autorité, en utilisant une force plus grande que celle nécessaire à l’égard de Mme Péladeau».
Le Comité a également reproché à ses collègues Alessandro Lo Dico et Mike Mezzacappa d’avoir omis de constater l’état des victimes d’un accident de la route qui s’est produit au cours de la poursuite.
Le 5 février dernier, le Comité a finalement condamné l’agent Sforza à quatre jours de suspension. Ses collègues ont quant à eux été suspendus pour deux jours.
Ils renversent un policier
Les faits qui sont reprochés aux policiers se sont déroulés le 12 octobre 2005.
Tout a commencé vers 8h03, par un vol de cigarettes à l’Intermarché De Risi, situé sur le boulevard Viau. Les employés du commerce de Saint-Léonard signalent alors que les deux suspects ont pris la fuite dans un véhicule beige de marque Cavalier ou Camry, en direction nord.
À l’angle des boulevards des Grandes-Prairies et Pie-IX, les fugitifs sont restés pris dans la circulation.
Les agents Sforza et Fabio Nicola Cavaliere en ont alors profité pour tenter de les arrêter. Sourde aux directives des agents, Mme Péladeau a tranquillement avancé sa voiture jusqu’à toucher l’agent Cavaliere, explique-t-on dans la décision rendue en 2014.
L’agent Sforza a donc tenté d’enlever les clés du contact de la voiture. À ce moment, il a «noté la présence d’une seringue sur le tableau de bord et constate que Mme Péladeau s’en saisit et qu’elle tente de le frapper», décrit-on dans ce dernier jugement.
Voyant cela, le policier a reculé et a pointé son arme vers la conductrice. Pendant ce temps, M. Kennedy a passé sa jambe gauche du côté conducteur pour appuyer sur l’accélérateur.
«L’agent Cavaliere est frappé par le véhicule et il percute le capot, puis le pare-brise avant de passer par-dessus le véhicule. […] Le véhicule des suspects monte ensuite sur le trottoir pour dépasser les véhicules le précédant et prendre la fuite», raconte-t-on dans la décision.
Poursuite à 125 km/h
Les suspects tournent alors à droite sur le boulevard Industriel où ils roulent à environ 125 km/h et provoquent deux accidents mineurs.
Après avoir brûlé un feu rouge au coin du boulevard Lacordaire, la voiture des suspects percute de plein fouet la camionnette de Franca Bellardo, une mère de famille qui allait déposer sa fille à l’école.
Personne ne prend toutefois le temps de vérifier l’état de la mère et de la fillette en état de choc. Même les agents Lo Dico et Mezzacappa, qui distribuaient des constats d’infraction de stationnement à proximité, décident de prendre en chasse les suspects.
C’est d’ailleurs la première lacune qu’a relevé le Comité qui conclue que les agents Lo Dico, Mezzacappa et Sforza auraient dû «valider si l’une ou l’autre des occupantes du véhicule Dodge Caravan avait besoin de secours.»
C’est finalement l’agent Pierre Tatlock du poste de quartier 39 qui est venu en aide aux victimes.
Arrestation
Malgré les collisions, la poursuite continue jusqu’à la rue des Galets où un accident plus violent empêche finalement les fuyards de se sauver.
M. Kennedy est rapidement maîtrisé alors que Mme Péladeau se débat. Elle est prise en charge par l’agent Cavaliere et une collègue.
«Mme Péladeau est agressive, crie et se débat fortement. Les policiers lui disent de se calmer, sans succès. Ils tentent de la mettre sur le ventre, mais celle-ci se met en position foetale», raconte-t-on dans la décision.
Les agents parviennent à la menotter et l’escortent jusqu’à une autopatrouille. Au moment de la faire monter à bord, «l’agent Sforza lui donne une poussée vigoureuse dans le dos qui fait en sorte que sa tête frappe le cadre de la portière.»
«Le Comité y a vu davantage un geste posé dans la précipitation qu’un geste de vengeance, il demeure que l’usage abusif de la force par un policier démontre un manque de professionnalisme, de jugement et de contrôle de soi inadmissible de la part d’une personne exerçant la fonction de policier», explique le commissaire Pierre Gagné dans sa décision.