Fabrice Vil: formateur de coachs de vie
Marqué dans sa jeunesse par l’apport de ses entraîneurs de basket, Fabrice Vil a quitté le barreau de Montréal pour fonder «Pour 3 points», un organisme qui offre des formations aux entraîneurs sportifs pour qu’ils deviennent de véritables coachs de vie afin d’aider des jeunes de milieux défavorisés de l’est de la ville.
Fabrice Vil, 30 ans, a les yeux rivés sur sa comptabilité en cette fin d’année. Aujourd’hui, le fondateur de «Pour 3 points» a le sourire. Sur la table de son bureau trône un chèque de 700 $ reçu ce matin-là de la part d’un citoyen montréalais. Un de plus, qui permet à la cagnotte de s’élever à près de 52 000 $ après un appel aux dons lancé en novembre.
«Le coach est l’adulte qui a le plus d’influence auprès des jeunes après les parents, estime le fondateur de l’organisme, ravi des premiers retours. On sent déjà des changements et on espère que ces entraîneurs, une fois formés, tiendront un rôle dans le développement complet d’un adolescent».
Marqué par ses coachs
Né de parents haïtiens arrivés à Montréal à la fin des années 70, Fabrice Vil a été marqué dans sa jeunesse par l’apport de ses propres entraîneurs de basket au collège Jean-de-Brébeuf.
«Ils ont tenu un rôle important. J’étais petit, timide et j’avais du mal à m’exprimer, explique celui qui a débuté le basket à 9 ans. Ils ont eu un vrai impact sur mes capacités sociales. J’ai appris à rebondir, à faire face à des échecs et à travailler sans équipe».
C’est un peu grâce à eux que ce natif d’Anjou a fondé «Pour 3 points». Un changement de carrière radical pour cet avocat de profession qui a quitté un cabinet privé en litige civil et commercial en 2013 afin de se lancer pleinement dans ce défi qui le titillait depuis son adolescence.
«J’aimais la littérature et les sciences humaines. Des études de droit me semblaient une évidence, mais ce n’était pas une passion. Je ne m’épanouissais pas comme avocat», assure le jeune entrepreneur. Jusqu’au déclic intervenu dans le cadre de sa profession.
«Si mes amis avaient eu de meilleurs entraîneurs…»
«Enfant, je vivais à proximité de quartiers difficiles et même si j’avais la chance d’appartenir à une famille de classe moyenne, je constatais de nombreuses inégalités sociales. En 2010, j’ai croisé un ami d’enfance tombé dans la criminalité. Un ex-athlète, très bon au basket. Il n’était pas le seul. Plusieurs fois, j’ai revu d’anciens camarades au Palais de Justice. Il fallait faire quelque chose.»
Ce ne sont malheureusement pas tous les coachs qui sont outillés pour former les jeunes, fait remarquer M. Vil. «Si mes amis avaient eu de meilleurs entraîneurs, ils auraient peut-être eu un avenir différent. Mon but, c’est d’aider ces enfants, avec l’aide de ces coachs, à développer leur capacité et à devenir des adultes heureux».
Après avoir formé douze coachs en 2014, qui œuvrent dans quatre écoles secondaires de l’est de Montréal, puis vingt-quatre entraîneurs depuis l’été dernier, «Pour 3 points» se veut ambitieux. A la rentrée prochaine, Fabrice Vil souhaite atteindre la barre des trente-cinq éducateurs puis celle des cent-cinquante coachs d’ici 2019.