Montréal-Est pourrait encadrer les poulaillers urbains
Alors que l’agriculture urbaine gagne en popularité dans la métropole, le règlement de la ville de Montréal-Est ne permet pas de posséder des poules chez soi. Cela pourrait bientôt changer si le résultat du projet pilote lancé par une citoyenne et la municipalité s’avère concluant.
Bien au chaud dans leur poulailler, quatre poules, Plume, Cocotte, Elsa et Anna, s’épanouissent. Nathalie Duval fait partie d’une poignée de citoyens unis autour d’un projet pilote de poulaillers urbains, en collaboration avec la municipalité de Montréal-Est.
Récemment, elle s’est lancée dans la construction de A à Z de son poulailler, accompagnée de son conjoint.
Avoir des poules en ville, ce n’est pas une nouveauté. Dans Rosemont-La Petite Patrie, il est possible d’en avoir à l’arrière de sa maison depuis 2017, pour un maximum de 50 résidences. Un projet mené en collaboration avec le Laboratoire sur l’agriculture urbaine (AU/LAB) qui chapeaute les projets individuels. Dans Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, il est possible d’élever des poules dans certains jardins communautaires.
À Rivière-des-Prairies – Pointe-aux-Trembles, avoir un brin d’agriculture en ville est aussi dans l’air du temps puisque l’arrondissement devrait lancer sa politique d’agriculture urbaine en décembre.
Un loisir pour les citoyens, un problème pour la SPCA
Avoir des poules chez soi, c’est du travail : « Il faut faire très attention à la propreté du poulailler et de la volière, nettoyer très régulièrement pour éviter les bibittes et les maladies, ne pas donner n’importe quoi à manger aux poules, les soigner etc. », explique Mme Duval.
Pour la Société pour la prévention de la cruauté envers les animaux, « l’agriculture urbaine », notamment l’élevage de poules, « n’est pas adaptée à la ville », souligne Anita Kapuscinska, porte-parole.
Et pour cause, de plus en plus de poules et de coqs sont abandonnés. La SPCA compte 20 poules et sept coqs laissés pour compte en 2016, 30 poules et huit coqs en 2018.
« Les gens ne le réalisent pas, une poule pond environ pendant deux ans, mais a une espérance de vie de 10 ans. De plus, il est difficile d’identifier les poussins mâles des poussins femelles. Quand les gens se retrouvent avec des coqs, ils les abandonnent, car ils ne pondent pas et ils sont source de nuisances pour les voisins […] On a déjà assez de chats et de chiens abandonnés », regrette la porte-parole de la SPCA.
Plus que la production d’œufs à domicile – car ses poules pondent en moyenne un œuf par jour – ce qui intéresse Nathalie Duval, c’est le côté loisirs. Elle les chouchoute chaque jour, nettoie la volière et le poulailler, construit des nouvelles installations. En moyenne, Nathalie dépense 30$ par mois pour ses poules : alimentation, soins divers, paille, copeaux de bois…
« Un encadrement légal et sécuritaire »
Pour ne pas faire n’importe quoi, la municipalité a décidé de lancer un projet pilote de poulailler urbain. Robert Coutu, maire de Montréal-Est, explique : « Ce projet pilote est un test. On peut envisager de modifier les règlements de la ville [qui actuellement ne permettent pas de posséder des poules chez soi, NDLR] si les conclusions sont positives. Si nuisance il y a, on ne modifiera pas. On veut trouver un équilibre. »
Si octroi de permis il y a, il prévient : « Il faudra respecter l’animal, l’hygiène et que cela ne dérange pas le voisinage. On veut un encadrement légal et sécuritaire pour tous. »
Aucun échéancier pour le projet pilote n’a été fixé.