Une décennie pour transformer la rue Notre-Dame
Un an après avoir lancé leur bureau de projet pour la modernisation de la rue Notre-Dame, la Ville de Montréal et le gouvernement du Québec ont dévoilé les premières esquisses de ce qui pourrait devenir un long boulevard urbain bordé d’arbres, d’une piste cyclable et d’un réseau de transport « structurant » dont la forme reste à définir.
Ce boulevard «moderne» relierait le pont Jacques-Cartier à la pointe de l’île. L’objectif est de créer un axe à échelle humaine qui miserait sur la verdure, les transports actifs, l’accès au fleuve et le commerce de proximité.
« Notre-Dame est un élément clé pour le redéveloppement de l’est de Montréal », explique Valérie Plante, mairesse de Montréal, lors du bilan de la première année de travaux de la Déclaration conjointe Ville de Montréal/Québec pour revitaliser l’est de Montréal.
Selon les meilleurs scénarios, il faudra attendre encore bien des années avant de voir ce plan se concrétiser. Mme Plante croit que les travaux pourraient se terminer dans 8 ou 10 ans.
Retour vers le futur?
La revitalisation de la rue Notre-Dame est remise aux calendes grecques depuis le milieu des années 70. En 2010, un projet pour lequel des millions de dollars avaient déjà été investis a été annulé en raison de son coût évalué à 1,5 G$.
Cette fois-ci, assure toutefois Mme Plante, le fruit est mûr. Elle évoque les 100 M$ investis par Québec, dédiés à la décontamination des sols.
Le projet est d’autant plus nécessaire compte tenu des plans de créer un réseau de transport le long de l’axe de la rue Notre-Dame. Un tramway ? Une branche du Réseau express métropolitain (REM) ? Rien n’est encore sûr, mais ce qui est certain, c’est qu’il sera électrifié.
« Nous attendons l’étude de la Caisse de dépôt et placement du Québec [mandatée pour étudier le meilleur moyen de transport à mettre en place]. Je presse beaucoup et j’aurai le plaisir de revenir avec d’autres informations dans les prochains mois », précise Chantal Rouleau, députée de Pointe-aux-Trembles, ministre déléguée aux Transports et responsable de la Métropole et de la Ville de Montréal, accompagnée de Mme Plante.
Plusieurs lieux sont à l’étude concernant le tracé de ce nouveau transport. Caroline Bourgeois, mairesse de l’arrondissement de Rivière-des-Prairies-Pointe-aux-Trembles avance « l’emprise ferroviaire ou Sherbrooke ».
Côté finances, le montant prévisionnel de l’investissement dépendra entre autres de l’étude de la Caisse de dépôt.
« Je reste sur mon appétit »
Ces incertitudes sont critiquées par Robert Coutu, maire de Montréal-Est. « Je suis heureux d’avoir entendu leur vision, mais on n’a pas entendu parler de coûts, d’échéanciers précis; je reste sur mon appétit ! »
Jonathan Roy, directeur de la Corporation de développement communautaire de la Pointe région est de Montréal, est optimiste : « On sent un engagement commun. La santé économique permet de mettre en place des projets en phase avec la cohabitation sociale, l’accessibilité, le verdissement. »
Même son de cloche à la Chambre de commerce de La Pointe-de-l’Île. Son président, Daniel Lafrance, est confiant malgré les nombreuses annonces faites depuis des décennies: « Je pense qu’une bonne fois pour toutes, [la restructuration de Notre-Dame] va arriver. »
Ce projet « structurant et moderne » pourra être aussi une belle occasion de développer le commerce dans le Vieux-Pointe-aux-Trembles, un secteur souffrant du manque d’offre commerciale, selon Joanne Paiement, présidente de l’Association des commerçants et professionnels du Vieux-Pointe-aux-Trembles. « Les planètes sont alignées. Cela nous permettra de chercher de nouveaux commerçants et d’attirer de nouvelles entreprises dans le secteur ».
Les défis sont nombreux, mais Chantal Rouleau est certaine que « la ruée vers l’Est a bien commencé. »
Un enthousiasme partagé par Christine Fréchette, présidente-directrice générale de la Chambre de commerce de l’est de Montréal. Elle a « hâte de contribuer à la poursuite des actions déjà entamées, en lien avec la mobilité, la décontamination et la revalorisation des terrains ».