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Un comité pour la diversité à Pointe-aux-Trembles

Kémy St-Eloy plaide pour un comité diversité inclusif. Photo: Coralie Hodgson/Métro Média

Un nombre croissant de personnes issues des minorités visibles ont élu domicile à Pointe-aux-Trembles dans les dernières années. Soutenant que du travail reste à faire pour leur donner la voix qui leur revient, des intervenants communautaires ont créé un comité diversité.

«Il n’y a pas beaucoup de représentation de la diversité à Pointe-aux-Trembles. Il y en a un peu plus à Rivière-des-Prairies, mais on a quelques années à rattraper», affirme Mike Fortune, intervenant à la Maison des jeunes de Pointe-aux-Trembles.

Pourtant, la proportion de la population issue des minorités visibles à Pointe-aux-Trembles est en pleine croissance dans les dernières années. Des données de Centraide démontrent que si elle reste dans l’absolu plus basse que sur l’ensemble de l’île (16% contre 32%), cette proportion a connu une augmentation importante entre 2006 et 2016  (111% à PAT contre 37% pour l’ensemble de l’île).

Intervenant dans le milieu communautaire depuis une dizaine d’années, M. Fortune est aux premières loges pour témoigner de l’impact du manque de représentation qu’il perçoit sur les jeunes défavorisés issus des minorités. Souvent démotivés ou frustrés par leur situation précaire, ils peinent à se reconnaître dans les modèles mis de l’avant dans le secteur, soutient-il.

«Il y a des entrepreneurs, des artistes, des sportifs [issus des minorités] de Pointe-aux-Trembles qui doivent aller dans l’ouest de la ville pour avoir plus de visibilité. Il y a tellement d’or à PAT, mais ces gens finissent par aller donner leur talent ailleurs», déplore-t-il.

Défaire une image négative

C’est dans ce contexte qu’un comité diversité est en train de voir le jour a Pointe-aux-Trembles.  Il est formé d’intervenants de la Maison des jeunes, de Prévention Pointe-de-l’Île, du Carrefour jeunesse emploi PAT/ME, de Les Ballons Intensifs et de l’Accueil aux immigrants de l’Est de Montréal (AIEM).

En soulignant les bons coups des personnes issues des minorités, le comité aura vocation à créer des modèles positifs. Il servira aussi à défaire une image médiatique négative qui « colle » trop souvent aux minorités, explique M. Fortune.

Kémy St-Eloy, coordonnateur de l’équipe d’intervention en milieu de vie chez Prévention Pointe-de-l’Île, a vécu presque toute sa vie dans l’arrondissement. L’homme d’origine haïtienne sait d’expérience que des jeunes qui se retrouvent «dans certains endroits, dans certains contextes» peuvent facilement être associés à tort aux gangs de rue.

Un phénomène que M. Fortune craint de voir s’amplifier avec la montée des incidents avec armes à feu sévissant dans le nord-est montréalais. S’il soutient que la violence et la précarité sont des problèmes réels dans sa communauté, il a confiance que les jeunes peuvent s’en sortir avec l’appui de la population.

«On ne peut pas être seul à vouloir changer. D’où l’importance de mettre ce comité en place et de mettre plusieurs acteurs ensemble pour travailler.»

Un comité inclusif

Pour M. St-Eloy, il est important que le comité diversité soit inclusif et que tous les membres de la communauté puissent y contribuer, «peu importe l’origine ethnique, la culture, la religion».

Il souhaite également que les gens issus des minorités puissent eux-mêmes nommer leurs enjeux.

«Ensuite, on veut être capable de créer un espace où on peut collectivement travailler à bonifier les enjeux nommés et leur qualité de vie.»

Une étape pour laquelle lui et M. Fortune croient que la communauté pointelière est prête.

«Aux niveaux institutionnel et communautaire, on a la sensibilité. On comprend qu’il y a des différences culturelles. On est rendu à l’étape de développer une façon de faire qui peut mieux répondre aux besoins de la communauté», déclare M. St-Eloy.

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