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Les raffineries, une histoire de famille

Les raffineries, une histoire de famille Michel Forrest
Michel Forrest devant la raffinerie de Suncor. Photo: Coralie Hodgson/Métro Média

En décembre dernier, Michel Forrest a pris sa retraite après plus 40 ans dans le domaine du raffinage et de la pétrochimie. Des années au sein d’une industrie qui a profondément marqué son histoire familiale et celle de l’Est montréalais.

«Quand les gens passent sur Sherbrooke devant Suncor aujourd’hui, ils voient juste des tours et des cheminées», déplore M. Forrest. Pourtant, l’imposante infrastructure située à Pointe-aux-Trembles où il a travaillé durant plus de vingt ans représente beaucoup plus pour lui: il s’agit aussi de la dernière raffinerie encore en fonction à Montréal, souligne-t-il.

L’âge d’or de l’industrie n’est pourtant pas si lointain alors que dans les années 1970, l’est de Montréal comptait six raffineries.

Le grand-père paternel de M. Forrest avait été le premier de la famille en 1920 à joindre Imperial (qui deviendra Esso) pour y travailler 42 ans. Son père y travaillera à son tour une trentaine d’années comme programmeur de pipeline tandis que son oncle y a été contremaître.

«Les sujets de conversation à la maison ou dans les partys de famille, c’était les raffineries de pétrole. (…) J’aimais ça écouter ça, je trouvais ça intéressant, penser d’avoir des défis à relever tous les jours!»

Un départ difficile

Quand M. Forrest rejoindra à son tour Esso en 1979, il ne se doutait pas de l’ampleur du déclin des raffineries qui s’amorçait dans l’est de Montréal.

Les conséquences complexes des chocs pétroliers de 1973 et 1979, d’une crise économique mondiale ainsi que d’une restructuration des réseaux de production et distribution ont toutes contribué au déclin des raffineries de l’Est montréalais, résume Pierre Desjardins, auteur du livre Grandeur et déclin de la pétrochimie sur le territoire historique de la Pointe-aux-Trembles et de Montréal-Est.

En 1983, l’usine Esso de Montréal-Est fermera ses portes. M. Forrest est alors transféré pour quelques années à Sarnia en Ontario, puis travaillera dans le domaine de la pétrochimie à son retour.

Observant que les emplois se font plus rares et les exigences pour travailler dans les raffineries ont augmenté, M. Forrest décide en 1992 de faire une attestation d’études collégiales en techniques de pétrochimie. «Mon troisième enfant venait de naître. Ce n’était pas facile.»

Il réussira finalement en 1996 à rejoindre les rangs de Petro-Canada (Suncor depuis 2009), à titre d’opérateur, puis comme formateur de 2006 jusqu’à sa retraite.

Une période parfois mouvementée, notamment lors d’un lock-out en 2007 où il reste en poste. « On a été quasiment 18 mois à travailler 7 jours par semaine. J’ai été trois mois sans voir ma famille, sans sortir», laisse-t-il tomber.

Engagement social

Représentant à la communauté pour Suncor, M. Forrest s’est impliqué dans de nombreuses causes, dont la Grande Guignolée, la Clinique de sang des Pointeliers ou les petits déjeuners dans les écoles.

Il a également été président de l’Association de hockey mineur de Pointe-aux-Trembles.

Un dévouement lui a d’ailleurs valu, en 2015, une médaille de l’Assemblée nationale, remise par l’ancienne députée Nicole Léger.

«C’est une personnalité qui va être très dure à remplacer. Il a toujours su entendre et écouter ce que les gens avaient à dire pour mieux répondre aux besoins communautaires », soutient Dean Dusseault, responsable des communications chez Suncor.

Quel avenir pour l’industrie?

Bien qu’il soit le dernier de sa lignée dans le secteur pétrolier, M. Forrest se réjouit aujourd’hui qu’un de ses fils travaille pour une entreprise de gaz naturel, un domaine connexe et « plus propre ».

Pragmatique, il croit que l’avenir des raffineries dans l’Est dépendra de l’évolution de la demande.

«Tant qu’on va avoir des autos qui marchent à l’essence, on va fournir de l’essence et du pétrole. La journée que la demande va être moindre, ça va être autre chose.»

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