Montréal essaiera un engrais tiré de ses biosolides
Une partie des matières organiques solides qui finissent dans les égouts de Montréal pourra bientôt être traitée, réduite en cendres et épandue comme engrais sur des terres agricoles.
La Ville de Montréal a annoncé, mardi, qu’elle a fait enregistrer un engrais agricole auprès de l’Agence d’inspection des aliments du Canada (ACIA). L’engrais, enregistré sous le nom de Fertili Cendres, doit être utilisé lors d’essais d’épandage au printemps prochain.
L’engrais Fertili Cendres est fait de cendres de biosolides traités à la Station d’épuration Jean-R. Marcotte, dans la pointe est de l’île. Pour les fabriquer, la station récupère les biolosolides dans les 32 mètres cubes d’eaux usées qu’elle traite à la seconde, les déshydrate pour en faire des galettes appelées «gâteaux», puis les incinère. Elle transforme ainsi quelque 267 000 tonnes de boue municipale en 44 500 tonnes de cendres par année.
Actuellement, les employés de la station enfouissent les cendres dans une carrière, mais la Ville espère en valoriser une partie en l’utilisant comme engrais agricole. Elle compte donc, dans un premier temps, épandre 1500 tonnes de ce nouvel engrais sur des cultures au sol, lors d’essais au printemps.
La Ville souligne que les cendres sont inodores, «complètement inertes et stables du point de vue biologique et microbiologique», et que le processus d’enregistrement de l’ACIA réclamait des contrôles et des suivis rigoureux. L’utilisation de Fertili Cendres est pour l’instant interdite pour les intérieures ou les serres.
L’épandage de Fertili Centres n’est qu’un premier jalon de la stratégie municipale pour réduire l’empreinte environnementale des Montréalais, selon le maire. Denis Coderre indique dans un communiqué que l’objectif est de «valoriser 100% des boues produites à la station d’épuration».
La Ville annonce d’ailleurs qu’elle veut aussi produire des granules à partir de ses boues, un processus qui a l’avantage de nécessiter qu’une déshydratation et un séchage. Il faudra approximativement deux ans pour certifier le processus auprès du Bureau des normes du Québec, estime l’administration municipale.
Par ailleurs, le Service de l’eau étudie des alternatives moins énergivores que l’incinération, comme la biométhanisation ou le séchage thermique, pour remplacer les quatre incinérateurs de la station d’épuration qui atteindront leur durée de vie utile dans dix ans.