« Club social » de pédophiles: retour d’André Faivre devant la Cour
André Faivre, le sexagénaire de Montréal-Est arrêté en février dernier dans l’affaire du « club social » de présumés pédophiles, comparaitra une nouvelle fois demain devant la cour. Il fait face, entre autres, à des accusations de production, distribution et détention de pornographie infantile.
Après plusieurs ajournements de sa requête, André Faivre a finalement renoncé à sa demande de remise en liberté il y a quelques semaines. Désigné comme le fondateur et dirigeant de l’organisme sans but lucratif «Les amis de toutes les minorités sexuelles», il devra répondre à de lourdes accusations, allant de l’atteinte à la pudeur aux contacts sexuels, en passant par la grossière indécence et l’immoralité sexuelle.
Arrêté en février dernier lors d’une rafle policière avec 14 autres individus, André Faivre a été présenté comme « le fil conducteur » entre les suspects par la Sureté du Québec. Onze chefs d’accusation avaient alors été portés à son dossier.
Le 24 mars dernier, lors de la dernière comparution devant le tribunal du palais de justice de Montréal, la Couronne a plaidé qu’André Faivre, Jean-Marc St-Hilaire et Roger Lepage, âgés de 67 et 74 ans, ne se seraient pas limités au partage de films mettant en scène des enfants, mais seraient bien passés à l’acte.
Plusieurs victimes depuis les années 60
Les abus reprochés aux membres de ce « club social » pédophile s’étaleraient sur plusieurs années. Il semblerait même que certains faits remonteraient aux années 60 et se seraient déroulés dans tout le Québec, à Montréal, Laval, Salaberry-de-Valleyfield ou encore Saint-Jean-de-Matha.
La Sûreté du Québec a identifié une dizaine de victimes présumées .
En ce qui concerne André Faivre, il devra s’expliquer sur deux contacts sexuels sur mineurs et un attentat à la pudeur.
« Une minorité sexuelle taboue » selon l’accusé
L’homme de 67 ans, qui se présentait comme « éducateur spécialisé » depuis les années 70, était un ancien militant bien connu de la communauté gaie. Considérant les pédophiles comme une minorité sexuelle au même titre que les homosexuels, les bisexuels ou les transsexuels, il regrettait ouvertement « le malaise envers les relations transgénérationnelles » et dénonçait la « phobie » autour de la présence d’hommes auprès des enfants.
L’association qu’il avait d’ailleurs mise sur pied en 2011 s’adressait aux « amis pédophiles et pédérastes » et avait pour principale mission « d’offrir la même écoute attentive et respectueuse à toutes les minorités sexuelles taboues », pouvait-on lire sur la page d’accueil.
Dans sa présentation, André Faivre prétendait notamment avoir travaillé auprès de garderies, de CPE, de ressources d’hébergement, de familles d’accueil, de travailleurs de rue.
Selon la Sureté du Québec, le Montréalais aurait lancé un forum de discussion secret dans lequel les individus arrêtés échangeaient leurs expériences sexuelles avec des enfants et se conseillaient sur les meilleures tactiques pour abuser de mineurs.
En 2012, André Faivre répondait à une attaque contre son association sur le forum français Agoravox et écrivait : « Le tsunami des opinions au sujet des pédophilies et des pédérasties charrie pas mal de préjugés, d’ignorance, de désinformation, de généralisation, de simplification, d’irrationalité, de contradiction et de sophisme… autant que l’opinion publique en charriait au sujet de l’homophilie, il n’y a pas si longtemps. »
Le site n’est plus à ce jour en service. Quant à l’organisme « Les amis de toutes les minorités sexuelles », il a été radié du Registre des entreprises par ordre du juge, en février dernier.
Le fondateur de l’association avait également lancé une chorale, Le chœur des P’tits loups, en 2005, puis, en 2007, la fondation Luminescence qui apportait un «soutien au développement du chant choral chez les enfants et principalement chez les garçons».
Du changement à la défense
L’avocate de la défense, Maître Melissa Podilchuk, qui avait suscité la controverse en comparant «Les amis de toutes les minorités sexuelles » à l’association des Alcooliques Anonymes, n’est plus en charge du dossier.
Contactée par TC Media, cette dernière n’a pas souhaité révéler les causes de ce retrait et a évoqué le secret professionnel.
Maître Jean Dury a repris le dossier le mois dernier et défendra l’accusé demain.
Rappelons que l’enquête de la Sureté du Québec, conduisant à l’arrestation de quinze hommes âgés entre 27 et 74 ans, a débuté en avril 2013 à la suite d’informations reçues de la part du public. Près de 150 policiers ont participé à cette opération. Pendant un an, un agent s’est infiltré parmi les membres présumés du réseau pédophile.