Quand la réhabilitation rencontre le développement durable
L’Institut national de psychiatrie légale Philippe-Pinel espère réduire son empreinte écologique, et agrémenter les plans de réhabilitation de ses patients avec des mesures environnementales. L’objectif: devenir un chef de fil en matière de développement durable dans le secteur de la santé.
Depuis 2015, les vastes terrains de l’Institut Pinel sont de plus en plus verts. Déjà près de 2700 arbres y ont été plantés grâce à une collaboration avec la Société de verdissement du Montréal métropolitain (Soverdi). D’ici 2020, ce nombre devrait doubler. Un coup de fraîcheur pour ce secteur qui est qualifié d’îlot de chaleur.
Outre la plantation de végétaux, la réduction des déchets est dans le collimateur. Les gobelets en carton ont été entièrement retirés en une semaine seulement.
« En ce moment, on est en train de travailler pour ne plus avoir de bouteilles plastique », explique David Clément, chef des activités techniques de l’Institut Pinel et président du comité en santé environnementale et développement durable.
Ce comité a été créé il y a un peu plus de deux ans; de nombreux employés avaient fait part de leur intérêt en proposant des idées et montré leur volonté de faire changer les choses et les mentalités dans leur lieu de travail.
Environnement sécuritaire
Avec la mise en place des différentes mesures, l’Institut ne veut pas seulement « poser un geste ou se déculpabiliser », explique M. Clément. Sa direction souhaite que l’institut devienne « un leader en matière de développement durable et montre que malgré les contraintes on peut faire des changements si on a la volonté ».
Étant un hôpital psychiatrique à haute-sécurité, chaque changement doit être mûrement réfléchi. Par exemple, certains matériaux ne peuvent pas être utilisés pour les gobelets réutilisables. Le verre et le plastique sont trop dangereux, car ces matières pourraient servir d’armes.
Autre exemple, le verdissement des murs de béton. Au début, l’idée était de planter des vignes. Mais ce type de plante grimpante développe un tronc très solide qui pourrait servir de marchepied pour passer aux dessus des murs.
Pour des raisons de sécurité, les personnes hospitalisées ne participent pas à la plantation des arbres avec la Soverdi.
Rendre le cadre plus agréable
De nombreuses études ont démontré les bienfaits des espaces verts sur la santé mentale. Celle menée par les professeurs Virgil L. Sheets et Chris D. Manzer, montre que « la présence de végétaux induit une baisse du niveau d’angoisse et une augmentation du niveau de bien-être par la régulation de la fatigue mentale et l’augmentation de la capacité de récupération au stress ».
Pour cela, l’institut a mis sur pied un atelier d’horticulture, par exemple. Cette activité permet aux patients de faire pousser des plantes dans une salle, mais aussi de s’occuper de leur propre jardin. Les patients utilisent pour leur jardin du composte fabriqué par d’autres patients qui s’occupent de trier les aliments non consommés. Ce sont également des patients qui fabriquent durant un atelier de menuiserie les bacs qui contiennent le compost. Afin de toujours aller plus loin dans sa démarche écologique, le bois utilisé pour les bacs de compost vient du Québec.
Ainsi, la réhabilitation s’inscrit aussi dans une démarche environnementale.
Lutte aux îlots de chaleur
Outre les bienfaits sur la santé des patients ou le fait de rendre le cadre de travail plus agréable, le verdissement du site permet de réduire un îlot de chaleur important identifié par la ville selon Simon Racine, chargé des grands projets à la Soverdi.
Dans le secteur, la Soverdi travaille également avec la station d’épuration, l’entreprise Lafarge et le golf de Montréal. « À long terme, cela permettra de faire baisser la température de quatre à cinq degrés, en plus d’améliorer la qualité de l’air », explique M. Racine.
57%
C’est le pourcentage d’établissements de santé et de services sociaux qui ont entrepris une démarche de développement durable depuis 2015, selon le ministère de la Santé et des Services sociaux. Cette transformation tombe à point. En 2009 RECYC-Québec évaluait que le réseau de santé et des services sociaux était le plus grand producteur de déchets dans le sous-secteur institutionnel, avec près de 98 000 tonnes de matières résiduelles générées par année.