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En croisade pour les lots publics

Un des « bons coups » dans le quartier, une ancienne clinique a été transformée en coopérative de logements, La Joie de Rosemont. Photo: Archives

La protection des terrains et bâtiments publics sera lors des prochaines années le cheval de bataille du Comité logement Rosemont, qui lance dès novembre sa nouvelle campagne de revendications.

« Nous voulons que ces terrains demeurent dans la collectivité, soit en y construisant des logements sociaux et communautaires, ou par la création de lieux utiles aux résidents, comme des écoles et des points de services », souligne Caroline Magnier, organisatrice communautaire pour le regroupement qui se porte à la défense des locataires.

Afin de conscientiser les citoyens aux enjeux de manque de loyers abordables et de la disparition des lots publics au profit du marché privé, le comité entreprendra le 20 novembre prochain une tournée du quartier en autobus. Une cinquantaine de personnes sont attendues et visiteront certains endroits ciblés par l’organisme.

Sur le trajet on retrouvera certains bâtiments publics en « danger » de passer aux mains du privé. On compte parmi eux les ateliers municipaux situés au 3500, boulevard Saint-Joseph Est, le siège social de la Commission scolaire de Montréal, du 3737, rue Sherbrooke Est et l’Église Notre-Dame du Foyer sur la rue Bellechasse, au coin de la 40e Avenue.

« Dans le cas de l’église, on sait qu’elle dessert encore la communauté, mais comme c’est le cas dans plusieurs autres lieux de culte qui sont de moins en moins fréquentés, elle pourrait éventuellement fermer. On pourrait la reprendre, au lieu de la laisser se faire transformer en condos », insiste Arnaud Duplessis Lalonde, organisateur communautaire du Comité logement Rosemont.

Durant le parcours en autobus, on soulignera aussi les « bons coups », tels que celui de la création de la coopérative la Joie de Rosemont, au 5601, rue Bélanger, de l’espace communautaire et citoyen situé au 5147, rue Beaubien, ainsi que les 91 unités de logement social créées en 2009 dans l’ancien Hôpital Bellechasse, sis au 3950, rue Bellechasse.

« Ce sont de bons exemples de luttes populaires qui ont porté leurs fruits », insiste M. Duplessis Lalonde.

Un besoin de logement social

Selon les données du Comité logement Rosemont, 69 % des ménages du quartier sont locataires et plus d’un tiers de ce nombre consacre au moins 30 % de leur revenu à se loger.

« Dans l’arrondissement, 1741 ménages sont en attente d’un HLM. De son côté, le Comité logement gère une liste de 1250 ménages requérants en attente d’un logement social, dont 77 % ont des besoins impérieux de logement », indique un tract de l’organisme.

Pour M. Duplessis Lalonde, la stratégie de la Ville de Montréal d’inclure 20 % de logements sociaux, 20 % de logements abordables et 20 % d’unités pour les familles dans tout projet résidentiel de plus de 450 m2 n’est pas suffisante.

« Il y a trop de retard à rattraper par rapport aux besoins. Dans ce dossier, on l’a vraiment échappé. Aussi, lorsqu’on considère un logement abordable seulement parce qu’il est au prix médiant du marché, ça ne rejoint pas les moyens de plusieurs personnes. Pour assurer une vraie mixité sociale, il faut se tourner vers les coopératives d’habitation et il faut se sortir des intérêts privés », affirme l’organisateur communautaire.

Par ailleurs, celui-ci espère que les élus de Rosemont – La Petite-Patrie iront de l’avant avec leur intention de protéger les terrains publics, telle qu’énoncée dans une motion adoptée au conseil d’arrondissement de février 2018.

De son côté, Robert Beaudry, responsable du dossier de l’habitation au comité exécutif de la Ville de Montréal, insiste sur le fait que l’administration Plante a décuplé les efforts depuis le début de son mandat pour acheter les terrains publics.

« Désormais, on fait énormément d’analyses de terrains et de bâtiments afin de les acquérir. On a fait passer le budget pout cela de 5 M$ à 50 M$, c’est dix fois plus », indique-t-il.

En plus du règlement, 20-20-20 pour la mixité, ce dernier souligne que les secteurs sensibles à la gentrification sont priorisés lorsque vient le temps de protéger des espaces publics.

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