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17 M$ pour retaper l'église Saint-Esprit

Tranchemontagne Daphnée - TC Media
Érigée en 1932, l’église Saint-Esprit-de-Rosemont présente de sérieux signes d’usure. Toit qui coule, façade qui menace de s’effondrer et fournaise qui fait la grève ne sont que quelques-uns de ses « petits bobos ». Au cours des prochaines années, il faudra investir près de 17 M$ pour retaper ce joyau patrimonial unique en son genre.

« Ç’a tellement été négligé pendant des années, que tout est à refaire. Les pierres de la façade sont dangereuses; elles ne tiennent plus car, le mur est tout effrité. C’est le poids des autres blocs qui les maintient en place. Le toit aussi est fini; il a été tellement patché qu’on ne peut plus le réparer! Les fournaises sont à changer, la plomberie est défectueuse et le système électrique doit complètement être remplacé », énumère le prêtre de la paroisse, Pierre Rivard.

Des travaux d’urgence pour stabiliser la structure sont en cours, depuis quelques semaines. Ceux-ci touchent principalement la maçonnerie de la devanture ainsi que le toit. Le chantier s’échelonnera sur cinq ans, et coûtera près de 1,2 M$, indique-t-on au Diocèse de Montréal.

« Mgr Lépine a demandé un bilan de santé de cette église-là, pour connaître quel était son état. Des travaux seront nécessaires au cours des prochaines années. On évalue la facture totale à 16 ou 17 M$.

« Ce qui est fait pour le moment, ce sont des interventions d’urgence. Par la suite, les besoins seront réévalués à chacune des étapes. L’archevêché a avancé de l’argent, mais il faudra trouver du financement. On va inviter la communauté d’affaires à collaborer », laisse savoir Lucie Martineau, responsable des communications de l’Archevêché de Montréal, mentionnant que la paroisse devra aussi contribuer à l’effort financier.

Une église vivante

Si certains peuvent se questionner sur la pertinence d’investir une telle somme pour la réfection d’une église, alors que la pratique religieuse est en déclin au Québec, l’archevêché soutient que Saint-Esprit-de-Rosemont est « une paroisse qui fonctionne bien ». Même son de cloche de la part de M. Rivard.

« Il y a deux messes qui attirent au total 500 à 600 personnes chaque semaine. Les gens sont très attachés à leur église », plaide-t-il, faisant valoir qu’il s’agit d’une des rares qui arbore un style Art déco en Amérique du Nord.

Non seulement l’affluence est bonne, on compte également de plus en plus de jeunes adultes parmi les ouailles, les agents de pastorale et les marguillers de la paroisse Saint-Esprit-de-Rosemont.

« Si les baby-boomers ont déserté la religion, je remarque qu’il y a de plus en plus de trentenaires à la messe de 11 h. On a un groupe qui se réunit régulièrement. Ces membres sont allumés et ne viennent pas à l’église pour le paraître, mais bel et bien en raison d’une réelle conviction.

« Avant, à la fin de la messe, c’était les vieux qui restaient pour jaser. Maintenant, il se sauvent en courant et ce sont les jeunes qui restent pour discuter. Si bien, qu’il faut parfois les mettre dehors », plaisante-t-il.

Selon lui, ce phénomène s’explique par le fait que les portes de l’édifice sont déverrouillées, invitant les résidents du quartier à s’approprier ce lieu. D’ailleurs, une aire de jeux pour les enfants a été aménagé à même la salle principale.

« L’église Saint-Esprit-de-Rosemont est située au cœur de Rosemont, sur la rue Masson, qui est très passante. Les gens ici, ça rentre, ça sort; c’est comme un sanctuaire. Ça ajoute de la vie.

« Les parents peuvent assister à la messe pendant que les enfants s’amusent. Ça n’a pas fait l’unanimité au départ, mais ça envoie le signal que tout le monde est le bienvenu », fait-il valoir.

Ce changement au sein des croyants se répercute jusque dans la manière de pratiquer la foi.

« Les gens sont plus critiques, c’est un choix éclairé. Ils sont à la recherche de valeurs. Cette démarche est somme toute fragile. Il faut faire attention. Je remarque que les jeunes ont davantage de réflexes anciens, comme d’accorder une grande importance aux saints, aux reliques et aux médailles. Ça m’étonne toujours! Ma génération avait plutôt tendance à rejeter ces signes », fait valoir M. Rivard.

Malgré ce regain de ferveur, il n’en reste pas moins qu’il est difficile de mobiliser les troupes pour récolter des dons, autres que ceux de la dîme ou de la quête.

« Même si tu fais un souper spaghetti, tu vas peut-être récolter 1000 $. On est loin des 17 M$ nécessaires. Ça serait dommage de fermer quelque chose qui marche, mais en même temps, les travaux à faire sont tellement importants », conclut le curé.

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