Mieux outiller les policiers contre la maltraitance envers les aînés
Dès le printemps prochain, les 33 postes de quartier (PDQ) de Montréal seront outillés pour faire face aux problématiques de maltraitance envers les aînés. Actuellement, les policiers de sept secteurs, où vit un nombre important d’aînés isolés, testent une nouvelle méthode d’intervention, en partenariat avec des intervenants des milieux communautaire et de la santé.
Prévention, détection, suivi et prise en charge font partie de la vingtaine d’axes de travail ciblés à l’amorce du projet IPAM – intervention policière auprès des aînés maltraités – mené conjointement par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) et la Chaire de recherche sur la maltraitance des aînés de l’Université de Sherbrooke.
«Actuellement, moins d’une heure de formation sur le vieillissement des aînés est donnée à l’école de police», illustre Josée Blais, inspecteur-chef, responsable du comité opérationnel IPAM, pour démontrer la nécessité d’offrir un cadre plus solide aux policiers.
«On veut que les patrouilleurs se rendent sur les appels et puissent éveiller leur conscience au fait que la personne en face d’eux peut être maltraitée, qu’un rapport soit ensuite établi pour un suivi, et que même si aucun cas criminel n’est constaté, que la personne soit référée à un organisme», poursuit Mme Blais.
Définir un cadre
Ce projet pilote, amorcé en 2013, est parti du constat que la population ne cesse de vieillir rapidement. «On estime que 10 à 15% des aînés sont maltraités par des proches, explique Marie Beaulieu, titulaire de la Chaire de recherche. Mais, vu que la moyenne d’âge ne cesse d’augmenter, ce pourcentage pourrait devenir plus élevé.»
Elle ajoute notamment que le Canada est la deuxième société dans le monde qui voit sa population vieillir rapidement, après celle du Japon. «On compte, en moyenne 17% d’aînés actuellement. On prévoit 26% en 2031», atteste-t-elle.
Le spectre de la maltraitance s’étend bien au-delà de la violence physique. «Se faire dire « t’es vieille, tu ne sers à rien » est un acte de maltraitance, fait savoir Mme Beaulieu, comme les violences physique et sexuelle, la violation des droits et les attaques matérielles et financières.»
Créer un réseau de partenaires
Dans les sept PDQ où le projet pilote est testé, des policiers ont reçu une formation spécifique pour apprendre notamment, les signes, parfois simples, qui permettent de détecter des situations critiques.
«Une personne de plus de 75 ans qui vit seule et qui doit compter sur une tierce personne ou encore un aîné qui regarde à terre en présence d’un proche sont des situations auxquelles il faut prêter attention», précise l’inspecteur-chef du SPVM.
Dans chaque secteur, des agents sociocommunautaires ont été jumelés à un intervenant du terrain. C’est le cas dans Rosemont où le partenariat entre le PDQ 44 et le Carrefour Montrose a servi de laboratoire à la Chaire de recherche sur la maltraitance des aînés avec le projet SAVA – soutien aux aînés victimes d’abus – démarré en 2008.
«La collaboration facilite l’approche, car la police a une image de protection pour les aînés, note Yvon Cléroux, du Carrefour Montrose, chargé du déploiement du projet SAVA au Québec. Un policier et un intervenant ont une vision différente de la même problématique.»
Depuis le mois d’avril, 600 interventions ont déjà été réalisées par le duo composé du PDQ 44 et du Carrefour Montrose dans Rosemont.
Les projets IPAM et SAVA serviront de modèle à plus grande échelle puisqu’ils sont actuellement en train d’être implantés dans d’autres régions du Québec.
- Les PDQ où le projet pilote est testé
– Poste de quartier 5: Dorval, L’Île-Dorval, Pointe-Claire
– Poste de quartier 15: Saint-Paul, Petite-Bourgogne, Pointe-Saint-Charles, Saint-Henri, Ville-Émard
– Poste de quartier 26: Côte-des-Neiges Ouest
– Poste de quartier 27: Ahuntsic
– Poste de quartier 42: Saint-Léonard
– Poste de quartier 44: Rosemont – La Petite-Patrie
– Poste de quartier 46: Anjou