Discrimination au Tim Hortons
Sept clients d’origine arabe disent avoir subi de la discrimination au Tim Hortons des Galeries Saint-Laurent. Le propriétaire du restaurant aurait refusé de les servir et les aurait même expulsés. Trois d’entre eux ont déposé plainte la semaine dernière à la Commission des droits de la personne.
«Je suis traumatisé, je ne veux plus aller dans aucun Tim Hortons», avoue Omar*, un spécialiste en informatique d’une trentaine d’années.
Résident du quartier, il est un habitué du restaurant du boulevard Marcel-Laurin, où il se rend deux à trois fois par semaine. Le 31 octobre, vers 11h30, il s’y rend pour prendre un café et un gâteau tout en consultant ses courriels sur son ordinateur.
«Vers midi, un homme blanc dans la soixantaine est arrivé et m’a dit « débarrasse-toé d’icitte » avec un geste vexatoire de la main», raconte-t-il.
L’homme, qui se serait identifié comme étant le propriétaire, aurait ciblé environ sept personnes d’apparence arabe, dont une femme voilée, parmi la vingtaine de clients, en les enjoignant de quitter les lieux, sans donner de raison.
«Je venais d’arriver dans le restaurant, le propriétaire était agressif et il a demandé de ne pas prendre ma commande», relate Nabil*, un étudiant en génie.
Intervention policière
«On s’est senti humilié, on n’a rien fait de mal. Les personnes assises à côté de nous n’ont pas compris et étaient étonnées», se souvient Nabil.
Le restaurant est pourtant à l’image du quartier, multiculturel. Des employées portent le voile par exemple.
Comme plusieurs clients, dont Omar et Nabil, ont refusé de quitter le Tim Hortons, ils ont été escortés à l’extérieur par des policiers.
«Nous sommes effectivement intervenus, confirme le commandant du poste de quartier 7 (PDQ 7), Miguël Alston. Comme il s’agit d’un lieu privé, le propriétaire a le droit d’expulser des personnes.»
Les policiers n’ont pas été en mesure de prendre la plainte des clients, qui se sont sentis lésés, puisqu’il ne s’agit pas d’un acte criminel.
Plaintes
Quatre des victimes se sont adressées au Centre de recherche-action sur les relations raciales (CRARR) pour porter leur cause devant la Commission des droits de la personne. Trois ont finalement déposé une plainte le 7 décembre.
«C’est un acte choquant. J’ai hâte de connaître les raisons du propriétaire», indique le directeur du CRARR, Fo Niemi.
Si ce type de comportent est fréquent envers des jeunes groupes de noirs, il souligne que c’est très rare que des adultes dans la trentaine en soient victimes. L’organisme soutient les démarches de 200 personnes chaque année, pour des discriminations fondées sur le sexe, la race ou le handicap.
«J’espère que Tim Hortons ainsi que le propriétaire s’excuseront pour ces actes», précise Omar.
Nabil souhaite quant à lui que la chaîne de restauration prenne des mesures pour que cette situation ne se reproduise pas.
«Je me sens mal dans un café maintenant, explique-t-il. Nous voulons récupérer un peu de dignité.»
Le CRARR n’attend pas de verdict de la commission avant quatre mois.
La direction de Tim Hortons n’a pas répondu aux demandes répétées de TC Media. Quant au propriétaire, il était absent à chacun de nos passages.
* noms d’emprunt