REM: accès aux logements locatifs compromis dans Hodge – Place Benoit?
L’accès aux logements locatifs dans le secteur Hodge – Place Benoit, à Saint-Laurent, pourrait être restreint avec l’arrivée de la station A40 du Réseau express métropolitain (REM) et d’un TOD, craint le Centre communautaire Bon Courage (CCBC).
La présence croissante de citoyens plus aisés financièrement et une spéculation immobilière qui entraînerait une hausse significative des loyers sont les principales préoccupations de l’organisme.
«Le pouvoir d’achat de la population [actuelle] va diminuer», dit la chargée de projet du centre, Line Beauséjour.
À leur arrivée à Saint-Laurent, plusieurs immigrants se tournent vers le quartier de l’est de l’arrondissement. «Ce qui est inacceptable, c’est que tout ça se passe sans que les ministères ou la Ville pensent à [ceux qui habitent déjà le secteur]», déplore Mme Beauséjour.
Un coup de sonde a été mené auprès de 49 personnes au début de l’été à propos de l’arrivée du REM, qui devrait être en service dès 2022. Parmi les répondants, 19 se disaient très inquiets, 11 l’étaient un peu, 16 n’étaient pas en mesure de se prononcer et trois ne connaissaient pas du tout l’enjeu.
Solutions
Pour contrer les effets de la spéculation immobilière, Montréal devrait réserver des terrains sur le parcours du REM et autour de ses stations, selon le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU).
«On ne peut pas compter sur le marché privé dans ces contextes-là quand les locataires sont menacés comme ça, dit la porte-parole Véronique Laflamme. Il faut avoir de meilleures protections.»
Pour tous nouveaux projets de construction, incluant les rénovations, un règlement de l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) exige 109$ en redevances immobilières par mètre carré dans un rayon d’un kilomètre d’une station pour contribuer au financement du projet du REM.
Cela exempte les projets de certains groupes tels que les organismes à but non lucratif et les coopératives de solidarité.
Renouveau
Depuis cet été, des rénovations ont été entamées afin d’améliorer la qualité des logements dans des blocs récemment acquis dans le quartier Hodge – Place Benoit. De nombreuses amendes auraient été imposées par la ville-centre dans les dernières années en raison de cas d’insalubrité, explique Mme Beauséjour.
En 2017, avec l’arrivée imminente de la station du REM, l’arrondissement a commencé des démarches pour revitaliser le quartier en étudiant l’implantation d’un Transport oriented development (TOD) qui inclurait des changements de zonage pour limiter l’espace aux entreprises de grandes surfaces.
«Le secteur se rajeunit, de jeunes familles s’y installent et il y a de beaux projets de maisons écoresponsables», soulignait à l’époque le conseiller du district de Côte-de-Liesse, Francesco Miele.
Au bureau du REM, on assure que des efforts sont déployés pour adapter le projet de transport aux besoins des citoyens et de la municipalité.
Perspective
Difficile de savoir quand les effets de la station A40 se feront concrètement sentir, mais ce serait surtout à long terme, selon la professeure spécialisée en gestion municipale à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), Danielle Pilette.
Les impacts du métro de Montréal sur le marché immobilier «ont pris beaucoup de temps à se manifester, compare-t-elle. Ça peut être reporté plusieurs années après l’entrée en service du REM».
La spécialiste estime que plusieurs facteurs peuvent accélérer la spéculation immobilière, comme un TOD, l’implantation d’un nouveau pôle d’emploi ou encore une rareté des terrains.