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Les Sœurs de Sainte-Croix: une histoire d’éducation

Photo: Nouvelles Saint-Laurent News/Denis Germain


Avec la vente de leur couvent et infirmerie, les Sœurs de Sainte-Croix mettent un point final à un important chapitre de leur longue histoire. Quelques semaines après l’annonce de la transaction de 23 M$ avec la Commission scolaire Marguerite-Bourgeoys (CSMB), elles ont ouvert leurs portes aux Nouvelles Saint-Laurent News.

Tout commence au XIXe siècle alors que l’évêque de Montréal est en tournée en France. Il souhaite que des religieux s’implantent dans sa ville pour assurer l’éducation des enfants. Quatre pionnières arrivent à Saint-Laurent en 1847 et fondent une école primaire. Elles font partie de la grande famille de la congrégation Sainte-Croix, fondée au Mans par le bienheureux Basile Moreau.

La maison-mère s’implante sur le boulevard Sainte-Croix, là où se trouve aujourd’hui le Collège Vanier. La communauté grandit et envoie des sœurs dans les Laurentides jusque dans le Nord-du-Québec pour ouvrir des écoles.

«Il y a 50 ans, il n’y avait pas de laïcs au pavillon Saint-Joseph. Nous assurions tout l’entretien», se souvient une des coordonnatrices, sœur Claire Vanier, qui est entrée en 1961 dans la congrégation d’environ un millier de religieuses à l’époque.

Elles sont aujourd’hui 125 à résider à Saint-Laurent avec une quarantaine de femmes consacrées à d’autres congrégations. La résidence Sainte-Marie, qui accueillait celles qui travaillaient à l’infirmerie, est déjà vide et fera l’objet de travaux par l’acquéreur très prochainement. Une des ailes du pavillon Saint-Joseph, où se trouvent médecins et infirmières laïcs ainsi que de nombreuses chambres de sœurs en perte d’autonomie, devra être libérée le 1er mai.

Ailleurs se trouvent le réfectoire, la bibliothèque, dont le catalogue a été informatisé il y a deux ans, et une grande salle communautaire. La chapelle, qui compte deux balcons permettant aux sœurs malades d’assister aux services depuis leur étage, est ornée de sculptures. En plus d’enseignantes, la congrégation compte des artistes, comme sœur Edmée Crête, qui a réalisé ces œuvres en bois.

Musique
La musique est l’une des spécialités des Sœurs de Sainte-Croix. Le Cégep de Saint-Laurent leur doit d’ailleurs son département.

À 86 ans, sœur Lise Durocher s’occupe aujourd’hui de toute la liturgie de la maison. Après 30 ans d’enseignement à l’ancienne Commission scolaire des Mille-Îles, à Laval, elle prépare toutes les messes et gère la chorale dans le local de musique au sous-sol du pavillon Saint-Joseph.

«La vie est centrée autour des malades, avec des soins en matinée, puis la messe de 11h, que sœur Lise chante», précise sœur Claire.

Une télévision interne permet même de suivre les cérémonies des chambres, notamment les funérailles alors qu’une trentaine de sœurs sont décédées au cours de la dernière année. Elles reposent toutes, depuis 1851, dans le cimetière situé en bordure du Collège Vanier.

Voyages
Parmi les doyennes de la maison figure sœur Élisabeth Landry, âgée de 102 ans. Entrée en 1934, elle a été l’enseignante, puis la bibliothécaire de centaines d’enfants, notamment à Bois-Franc. Elle fait partie de celles qui ont été envoyées dans d’autres régions.

«J’ai pris le train Montréal-Rimouski, puis le bateau pour la première fois pour aller enseigner à l’École normale à Baie-Comeau [qui a ouvert en 1948]. Tout était nouveau, je découvrais la mer», se souvient la religieuse, tout sourire.

Elle portait une attention particulière aux jeunes en difficulté. Pour certains, elle est parvenue à changer leur vie en une parole. Plusieurs anciens élèves se sont déplacés pour son centième anniversaire.

«J’étais aussi là quand on avait besoin de quelqu’un avec de l’autorité, clame-t-elle. Je n’avais qu’à les regarder.»

Certaines sœurs sont parties en mission bien plus loin encore, comme Thérèse Crépeau, qui fut de 1960 à 2004 au Bangladesh, sauf lors de la guerre d’indépendance, en 1971, où elle fut évacuée et travailla en Afghanistan et au Bhoutan.

Elle a participé à la mise sur pied des Petites Servantes de l’Église, une communauté de sœurs bengalies qui s’occupent des pauvres et des malades.

«Nous adoptions les coutumes du pays, ses vêtements et sa nourriture, confie la femme désormais âgée de 90 ans. Nous formions les locaux pour qu’ils prennent notre place. Il fallait toujours être à l’écoute.»

La mission d’éducation est essentielle et doit perdurer avec l’achat de leurs bâtiments par la CSMB. «Mère Marguerite Bourgeoys, [la première enseignante à Montréal, au XVIIe siècle], passe le flambeau», conclut sœur Lise.

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