Hommage à Daisy Peterson Sweeney
Réalisée par Kevin Ledo, une nouvelle murale représentant la musicienne et enseignante de piano Daisy Peterson Sweeney embellit maintenant le mur des Îlots Saint-Martin dans la Petite-Bourgogne. L’œuvre urbaine est la quatrième d’une série consacrée au jazz. Deux d’entre elles sont à l’image de ses élèves et grands pianistes, son frère Oscar Peterson ainsi qu’Oliver Jones, alors que l’autre relate l’importance de la musique dans le quartier où ils ont tous les trois grandi.
L’emplacement choisi, sur la rue Saint-Jacques, n’est pas un hasard puisque les quatre œuvres urbaines sont situées à deux pas les unes des autres. «La sœur, le frère et le voisin, ou l’enseignante et les élèves prodigues sont réunis par l’art», souligne le maire du Sud-Ouest et président du comité exécutif, Benoit Dorais, par l’entremise des réseaux sociaux.
L’une de ces trois étoiles du jazz, Oliver Jones, se trouvait d’ailleurs parmi la cinquantaine de parents et amis venus assister à l’inauguration de l’œuvre, mardi.
La murale de trois étages de hauteur a d’ailleurs satisfait les attentes de la famille Peterson Sweeney. «Quand on regarde ses yeux, elle a l’air vivante. L’artiste a vraiment fait un bon travail. Je la vois en train de me donner des cours de piano et de me discipliner», rigole le petit-fils de la musicienne, Cory Sweeney.
Pour son fils Essley Sweeney, elle aurait éprouvé une immense gratitude à la vue de cette oeuvre. «C’était une personne très privée, qui se tenait loin des projecteurs. Elle aurait probablement dit qu’elle ne comprenait pas pourquoi on en fait toute une histoire. Mais, en voyant ce mur créé en son honneur, elle aurait été fière», croit l’aîné de ses sept enfants.
Histoire
Née dans la Petite-Bourgogne, Daisy Peterson Sweeney était une pianiste accomplie, détentrice d’un diplôme en études musicales de l’Université McGill. «À l’époque, une jeune femme noire n’avait pas beaucoup de possibilités d’emploi. Sur les 5$ que Daisy récoltait chaque semaine, elle mettait de côté 3,50$ pour ses leçons de piano», raconte sa fille Judith Sweeney.
Tout au long de sa vie, elle a su partager son amour et sa passion pour cet instrument aux en donnant des leçons à moindre coût au centre communautaire des Noirs. La professeure au grand cœur payait même des bourses d’études à ses élèves les plus prometteurs. Plusieurs d’entre eux ont d’ailleurs fait carrière en musique, notamment Joe Sealy, Reg Wilson et Ken Skinner.
«Maman, continue de veiller sur nous et sur le quartier, je t’aime de tout mon cœur», a conclu sa fille, visiblement émue, en regardant la murale.
Le souhait d’immortaliser la contribution de Daisy Peterson Sweeney à la communauté de la Petite-Bourgogne ne date d’ailleurs pas d’hier. «Ça fait des années que nous voulons lui rendre hommage et reconnaître sa profonde influence dans la vie musicale montréalaise et c’est finalement la bonne», précise la cofondatrice de l’organisme MU, Elizabeth-Ann Doyle, qui se trouve derrière le projet artistique.
Après de nombreuses demandes de financement, la Ville de Montréal leur a finalement octroyé une subvention de 30 000$ dans le cadre de son programme d’art mural.