L’humain, principal bourreau de la nature
Les populations d’animaux ont diminué de moitié depuis 1970 et aucune lueur ne pointe à l’horizon des quatre prochaines pour elles, selon le dernier rapport annuel du World Wildlife Fund.
L’activité humaine est en voie d’exterminer près de 70% des animaux dans le monde d’ici 2020, selon ce rapport qui porte sur l’état du vivant de la planète. La surexploitation des espèces, la pollution et la dévastation des habitats naturels ont des conséquences désastreuses sur le nombre de mammifères, d’oiseaux, de reptiles, de amphibiens et de poissons.
Métro s’est entretenu avec Marco Lambertini, directeur général de WWF International, qui explique comment ce déclin peut être évité.
Quelles sont les conclusions les plus frappantes du rapport?
Toute vie sur Terre, nous inclus, dépend de la santé de la planète, alors que la biodiversité décroît rapidement. En l’espace d’une génération, soit depuis 1970, nous avons vu un déclin de 60% des populations animales, dans tous les milieux. Peu importe que ce soit l’agonie de la biodiversité ou l’exploitation humaine des ressources naturelles qui pousse la planète dans ses derniers retranchements, le rapport 2016 du WWF monte que la Terre entre dans un territoire inconnu.
Comment ces problèmes peuvent-ils être résolus?
Notre défi est double: nous devons préserver la nature tout en créant une maison équitable pour les gens qui peuplent la planète, et ce, avec des ressources limitées. Nous devons cesser de penser à court terme et adopter un modèle de décision à long terme, qui prendra en compte le bien-être des générations futures. Une part fondamentale de ce plan est de réformer nos systèmes d’alimentation et de consommation d’énergie.
La production de nourriture est une des premières causes de la perte de la biodiversité sur Terre. Elle dégrade les habitats, surexploite les espèces et pollue. De nouveaux modèles de production et de consommation sont nécessaires pour jeter les bases d’un système alimentaire durable et résilient, qui peut résister et récupérer rapidement des chocs qu’il subit afin de pouvoir alimenter un nombre sans cesse grandissant de personnes.
Nous devons opérer une transition qui combinera le développement humain et économique avec la conservation de l’environnement – il s’agit peut-être du plus profond changement culturel et comportemental jamais tenté, toutes civilisations confondues.
Quelles seront les conséquences si ce changement ne s’opère pas à temps?
Le rapport montre que, si la tendance actuelle se poursuit, les populations animales dans le monde pourraient diminuer des deux tiers d’ici 2020 par rapport aux nombres observés en 1970. Alors que la biodiversité décroît, la planète s’affaiblit et peine à nous fournir des services vitaux pour notre survie – de l’eau claire, de l’air pur, de la nourriture et un climat stable. Notre manière d’exploiter la nature est destructrice, vouée au gaspillage et insoutenable. Elle menace non seulement les espèces et leurs écosystèmes, mais aussi nous-mêmes.
Et la suite?
Heureusement, 2020 est une année riche de promesses. Cette année-là, les engagements pris dans le cadre de l’accord sur le climat de Paris prendront effet, de même que les premières mesures environnementales adoptées pour un nouveau plan de développement durable. S’ils sont mis en œuvre, ces projets peuvent contribuer à jeter les bases de nouveaux systèmes alimentaires et énergétiques qui assureront la préservation de la nature dans le monde.