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France: Michaëlle Jean redoute un repli sur soi

Michaelle Jean. Photo: Sean Kilpatrick / La Presse Canadienne
Pierre Saint-Arnaud, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

MONTRÉAL — La secrétaire générale de la Francophonie, Michaëlle Jean, estime qu’un éventuel repli sur soi de la France serait nuisible non seulement pour la Francophonie, mais aussi pour le monde entier.

Prenant acte du discours de la candidate à la présidence Marine Le Pen qui prône un plus grand isolationnisme de la France, Mme Jean a dit y voir un enjeu très important pour les organisations multilatérales comme la sienne.

«On assiste (en France) comme dans le reste du monde à des discours de repli sur soi, des discours populistes. On assiste au Brexit. On assiste aussi à une tentative d’affaiblissement des organisations multilatérales», a-t-elle indiqué à La Presse canadienne, jeudi, alors qu’elle participait, à Montréal, à une rencontre de jeunes entrepreneurs de la Francophonie.

Elle note que ce discours s’inscrit dans une mouvance isolationniste internationale qui mène à la construction de murs — une référence à l’administration Trump aux États-Unis — et aux amalgames qui créent «une association entre qui vient d’ailleurs est une menace, qui vient d’ailleurs est à craindre».

Selon elle, cette mouvance oblige des organisations comme la Francophonie à promouvoir les valeurs de coopération, de solidarité, d’humanisme et de défense des droits et libertés afin de «garder cette dynamique du multilatéralisme, du multipartenariat, cette dynamique d’un monde ouvert».

«C’est un vrai enjeu, pour nous, de rappeler (…) l’importance des organisations internationales et multilatérales qui sont dans cette dynamique du faire ensemble, de la solidarité pour agir sur les grands défis dans le monde d’aujourd’hui», a-t-elle dit.

«Le mouvement inverse est nuisible pour le monde, c’est clair», a-t-elle tranché.

Obstacles aux visas

Mme Jean venait de s’adresser aux participants à ce forum international, allocution au cours de laquelle elle a déploré les difficultés pour les jeunes de pays en voie de développement à obtenir leurs visas.

«Ç’a été un vrai parcours du combattant, réussir à obtenir ces visas un à un», a-t-elle confié.

Précisant que le problème ne se limite pas au Canada, puisque son organisation a vécu les mêmes «en Belgique, en France aussi et ailleurs», elle a pointé du doigt le manque d’effort de certains pays pour permettre à des jeunes entrepreneurs d’assister à ces rencontres.

«Quand vous êtes de République démocratique du Congo et que ce visa, il vous faut aller le retirer en Afrique du Sud (3000 kilomètres plus loin), en avez-vous les moyens? Quand vous êtes un jeune entrepreneur?», s’est-elle interrogée.

«C’est un réel problème et il faut absolument qu’on trouve une façon de le régler parce que ça constitue une réelle injustice», a-t-elle ajouté.

Mme Jean a fait valoir que ce genre d’obstacles à la libre circulation d’entrepreneurs «représente un frein pour le développement de leurs affaires, leurs initiatives économiques».

À long terme, elle y voit même un «facteur de déficit pour la stabilité» puisque ces jeunes entrepreneurs créent des emplois, soutiennent la croissance économique et sont un vecteur majeur de lutte contre la pauvreté.

La ministre québécoise des Relations internationales et de la Francophonie, Christine St-Pierre, qui avait prononcé l’allocution précédente au Forum, a dressé le même constat.

«Nous avons fait plusieurs représentations, moi et ma collègue (de l’Immigration) Kathleen Weil, auprès de nos partenaires du gouvernement fédéral», a-t-elle expliqué.

Mme St-Pierre estime d’ailleurs que des solutions sont à portée de main. «Il y aurait moyen de faciliter l’envoi du visa, mais ce sont des choses que nous devons discuter avec le gouvernement fédéral», a-t-elle dit.

Une centaine de jeunes entrepreneurs provenant de plusieurs des 84 pays membres de la Francophonie participent à la rencontre de Montréal.

Honorée par son ex-collègue

Christine St-Pierre était fort heureuse de partager la scène avec son ex-collègue, elle et Michaëlle Jean ayant toutes deux oeuvré de nombreuses années comme journalistes à la Société Radio-Canada.

Elle a aussi plaidé devant les jeunes pour le développement de l’espace économique francophone, «gage d’ouverture et de tolérance», selon elle.

À la fin de son discours, elle a invité Michaëlle Jean sur scène pour lui remettre la médaille du 50e anniversaire du ministère des Relations internationales et de la Francophonie.

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