Premier journal télévisé en langues kanak en Nouvelle-Calédonie
La télévision locale Caledonia diffusera mardi en Nouvelle-Calédonie le premier journal télévisé en langues kanak, pour «briser un tabou» alors que ces langues ont longtemps été marginalisées, a annoncé lundi la chaine.
«Il y a une vraie demande des téléspectateurs et nous voulons contribuer à faire évoluer le regard sur ces langues», a déclaré Jérémie Gandin, directeur éditorial.
Lancée en 2013 sur un canal de la TNT, Caledonia proposait déjà des reportages «aux thèmes patrimoniaux» en langues traditionnelles. Grâce à un partenariat avec l’Académie des langues kanak (ALK), la chaine diffusera mardi un journal en quatre langues kanak.
«Il s’agit d’une émission test qui sera suivie d’un débat mais notre volonté est d’en faire un rendez-vous régulier», a également indiqué M. Gandin.
Pas moins de 28 langues kanak coexistent en Nouvelle-Calédonie, dont certaines ne sont plus parlées que par quelques centaines voire quelques dizaines de personnes.
Les langues choisies par Caledonia – drehu, paicî, a’jie et xârâcùù – font partie des plus répandues et ont chacune entre 5000 et 16000 locuteurs.
«Depuis 2012, nous avons des partenariats avec plusieurs médias, mais ils sont assez rares avec la télévision alors qu’il y a des JT en langue régionale dans tous les outre-mer. On veut briser un tabou», a indiqué Pierre-Christophe Pantz, responsable scientifique à l’ALK.
«Jusque dans les années 1980, il était interdit de diffuser ou de publier des documents en langues kanak sans l’aval d’un traducteur assermenté par l’État», a-t-il rappelé.
La naissance des premiers mouvements identitaires kanak a été marquée en 1969 par l’arrestation et l’incarcération de plusieurs jeunes leaders, qui avaient distribué des tracts en langues kanak dénonçant la ségrégation de la société.
En 1998, l’accord de Nouméa a reconnu que ces langues étaient «avec le français des langues d’enseignement et de culture», préconisant qu’une place accrue leur soit faite «dans les médias».
Il existe deux télés locales dans l’archipel: Nouvelle-Calédonie 1ère (service public) et Caledonia, financée par la province Nord, qui est gérée par les indépendantistes.