Catalogne: des dirigeants de l'UE appuient Madrid

MADRID — De hauts responsables et des législateurs de l’Union européenne (UE) se sont ralliés mercredi derrière le premier ministre espagnol Mariano Rajoy, condamnant les autorités catalanes pour avoir tenu un référendum illégal sur l’indépendance qui a plongé l’Espagne dans une crise politique.
Le vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans, a mené un choeur de critiques sur le vote marqué par les violences dans cette région du nord-est de l’Espagne. Il n’a pas mentionné les 900 personnes blessées par les policiers espagnols.
Craignant d’interférer dans les affaires intérieures de l’Espagne, les représentants de l’UE ont appelé à la tenue de pourparlers entre le gouvernement de Madrid et les autorités catalanes, mais se sont abstenus de suggérer que l’UE puisse jouer un rôle dans le rétablissement de la paix malgré les demandes de la Catalogne, qui souhaite une médiation européenne.
Ce ne sont pas tous les législateurs européens qui appuyaient la position des hauts responsables. Un drapeau catalan a été retiré de l’assemblée à la demande d’un législateur espagnol, alors que certains parlementaires ont affiché des symboles favorables au référendum ou demandant à Mariano Rajoy de démissionner.
Tard mercredi, dans un discours télévisé, le président régional de la Catalogne, Carles Puigdemont, a pressé Madrid d’accepter la médiation avec les dirigeants de la région de 7,5 millions d’habitants pour résoudre la plus importante crise nationale que traverse l’Espagne depuis des décennies.
Les tensions de longue date ont atteint leur apogée dimanche lorsque les policiers envoyés par Madrid ont eu recours à la force pour mettre fin à la consultation populaire que le gouvernement central espagnol juge illégale et invalide.
Rajoy refuse le dialogue
Les politiciens d’autres régions de l’Espagne et une poignée de groupes civils ont proposé de tenter de réunir les deux parties, mais le premier ministre Mariano Rajoy a déclaré qu’il ne dialoguerait pas avec ceux qui ne respectent pas la Constitution, qui ne comprend pas de dispositions permettant à une région de faire sécession, a-t-il dit.
Pendant ce temps, le gouvernement régional de la Catalogne a dit réfléchir au bon moment pour déclarer son indépendance. Certains législateurs catalans ont laissé entendre que cette déclaration pourrait avoir lieu lundi.
Carles Puigdemont s’adressera au Parlement régional lundi, afin d’examiner les résultats du référendum — une séance que ses sympathisants parlementaires du groupe radical anticapitaliste Candidature d’unité populaire considéreront comme la déclaration d’indépendance.
Le gouvernement conservateur espagnol a indiqué qu’il répondrait «avec toutes les mesures nécessaires» pour contrer tout geste autonomiste de la Catalogne et tient des discussions avec les leaders de l’opposition, à Madrid, afin de s’entendre sur la manoeuvre à adopter.
On ignore ce qui pourrait se produire si la région prospère du nord-est du pays tente effectivement de déclarer son indépendance. L’Espagne pourrait intervenir pour prendre le pouvoir dans la région et pourrait même déclarer l’état d’urgence et imposer la loi martiale.