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La CPI ouvre une enquête sur le Burundi

Jerome Delay / The Associated Press Photo:
Mike Corder - The Associated Press

LA HAYE, Pays-Bas — La Cour pénale internationale (CPI) a ouvert une enquête sur les allégations de crimes contre l’humanité perpétrés par des agents de l’État au Burundi, notamment des meurtres, des viols et de la torture.

La décision a été annoncée jeudi, quelques jours après que le Burundi est devenu le premier pays à quitter formellement le tribunal international.

Les juges de la CPI ont estimé que les preuves présentées par les procureurs constituaient «une base raisonnable pour mener une enquête concernant des crimes contre l’humanité» qui auraient été commis à partir du 26 avril 2015 au Burundi «par des agents de l’État et d’autres groupes mettant en œuvre les politiques de l’État», affirme la CPI dans un communiqué.

Le Burundi a sombré dans des violences qui ont fait des centaines de morts en 2015, après que le président Pierre Nkurunziza a annoncé son intention de se porter candidat pour un troisième mandat, qu’il a finalement obtenu.

La cour estime qu’au moins 1200 personnes auraient été tuées durant la crise, tandis que des milliers d’autres auraient été détenues illégalement et torturées. Des centaines de personnes seraient également disparues, souligne la CPI, qui affirme aussi que les violences auraient forcé le déplacement de plus de 400 000 personnes entre avril 2015 et mai 2017.

Les crimes auraient été commis par la police nationale, le service national de renseignement ainsi que des unités de l’armée opérant «en grande partie selon des chaînes de commandement parallèles et conjointement avec des membres des Imbonerakure, la ligue des jeunes du parti au pouvoir».

Les juges de la CPI ont autorisé l’enquête le 25 octobre, soit deux jours avant le retrait formel du Burundi de la CPI. Il s’agit de la onzième enquête complète menée par le tribunal, qui se penche sur certaines des pires atrocités commises dans le monde. Toutes les enquêtes, sauf une, concernent des crises survenues en Afrique.

La procureure Fatou Bensouda a fait valoir que le Burundi avait l’obligation de coopérer à l’enquête même s’il s’est retiré de la CPI. Elle a souligné que l’enquête se pencherait aussi sur des violences alléguées commises par des «entités antigouvernementales armées».

Un porte-parole du gouvernement burundais, Philippe Nzobonariba, a toutefois affirmé que son pays ne participerait pas à l’enquête.

«Nous ne sommes plus un État membre, a-t-il dit. Ils peuvent faire ce qu’ils veulent, le Burundi ne coopérera pas parce que nous avons mis fin à notre collaboration.»

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