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Afrique du Sud: Le Cap pourrait manquer d’eau

In this photo taken Wednesday, March 8, 2017, a young girl carries clean water home from a water treatment point built by UNICEF in Torit, South Sudan. As World Water Day approaches on March 22, more than 5 million people in South Sudan, do not have access to safe, clean water, compounding the problems of famine and civil war, according to the UNICEF. (Mackenzie Knowles-Coursin/UNICEF via AP) Photo: AP

LE CAP, Afrique du Sud — Des Sud-Africains doivent affronter de longues files pour s’abreuver à même une source naturelle dans une banlieue huppée de la ville du Cap, ce qui témoigne de l’impact impitoyable d’une sécheresse qui pourrait forcer la fermeture de la plupart des robinets de la deuxième ville du pays dans à peine deux derniers mois — une éventualité que les résidants ont sinistrement baptisé le «Jour Zéro».

L’éventualité de voir une des villes les plus connues d’Afrique du Sud, qui trône pourtant entre deux océans, manquer d’eau est source d’anxiété, mais aussi de détermination pour ses quelque quatre millions d’habitants. Scientifiques et responsables doivent trouver comment concilier une augmentation de la population et une réduction des ressources.

Le Cap risque de devenir la première grande ville du monde à ne plus avoir assez d’eau pour tout le monde.

«Il y a des gens qui vivaient dans le déni et qui soudainement se réveillent et voient que c’est vrai», a dit Shirley Curry, qui attendait pour remplir un contenant de plastique avec de l’eau de source dans la banlieue de Newlands.

Des gardiens de sécurité s’assuraient que les gens ne prenaient pas plus que ce à quoi ils avaient droit: 25 litres dans la file «normale» et 15 litres dans la file «express». Les choses étaient moins ordonnées près d’une source voisine, où les résidants étaient laissés à eux-mêmes.

La mairesse Patricia de Lille a menacé, plus tôt ce mois-ci, d’imposer des amendes à ceux qui consomment trop d’eau, en disant que la Ville ne peut plus seulement se fier à la bonne volonté de la population: «Il faut les forcer».

Le spectacle de gens à la recherche de la moindre goutte d’eau risque de devenir de plus en plus courant au Cap, à l’approche du «Jour Zéro», une ville dont la beauté naturelle attire des hordes de touristes internationaux.

Si la Ville demande aux gens de freiner leur consommation d’eau, plusieurs habitants des quartiers pauvres n’ont déjà qu’un accès restreint à la ressource. Ils s’abreuvent à des robinets communautaires dans des quartiers comme Blue Downs.

Les dirigeants municipaux du Cap ont ordonné aux résidants de n’utiliser que 50 litres par jour à compter du 1er février, comparativement à la limite actuelle de 87 litres par jour. Le «Jour Zéro» est attendu le 12 avril; certains craignent que ça ne se produise plus tôt, d’autres misent sur l’efficacité du rationnement et d’éventuelles précipitations pour repousser l’échéancier.

Si le «Jour Zéro» se concrétise, des résidants devront se rendre à des endroits précis pour recevoir leur ration quotidienne de 25 litres. Les robinets resteraient ouverts dans les hôpitaux et des mesures spéciales seraient appliquées dans les écoles, dont certaines peuvent pomper l’eau d’un puits.

Les robinets communautaires des quartiers pauvres continueraient probablement à couler pour éviter le risque de maladie. Des secteurs cruciaux et le centre-ville seraient aussi épargnés, pour ménager les entreprises et le tourisme.

Les touristes sont toujours les bienvenus, mais on leur demande maintenant de tirer la chasse d’eau le moins souvent possible, «de se baigner dans l’océan au lieu des piscines, et même d’éviter de prendre (votre) douche».

Cette crise hydrique catapulte Le Cap vers l’inconnu, mais les causes ont été identifiées il y a un bon moment. Depuis la fin du régime raciste blanc en 1994, la population de la ville a explosé de 80 pour cent, ce qui dépasse les capacités des infrastructures municipales. Pendant ce temps, la région a traversé plusieurs années de sécheresse.

Les scientifiques de l’Université du Cap disent que le réchauffement climatique causé par l’activité humaine y est possiblement pour quelque chose, et que de telles sécheresses pourraient devenir plus courantes à l’avenir.

Les réservoirs qui abreuvent Le Cap ne sont actuellement pleins, en moyenne, qu’à 27 pour cent, mais le dernier 10 pour cent est considéré inutilisable en raison de la boue et des débris au fond. Des résidants se plaignent déjà que du limon s’infiltre dans l’eau, la rendant imbuvable. La Ville prévient qu’elle devra fermer la plupart des robinets si les réservoirs chutent sous la barre des 13,5 pour cent.

Le barrage Theewaterskloof, dont le réservoir était jadis la principale source d’eau pour la ville, offre maintenant un spectacle désolant. De vastes portions ne sont plus que du sable et de la terre craquelée. Des bateaux anciennement amarrés à un mur ont été déplacés loin de là.

«C’est une catastrophe naturelle aux proportions immenses», a dit un leader de l’opposition sud-africaine, Mmusi Maimane.

Son parti, l’Alliance démocratique, reproche au Congrès national africain (ANC) au pouvoir de contrevenir à la loi en ne fournissant pas d’eau à tous les Sud-Africains. L’ANC point Le Cap du doigt et somme les responsables municipaux de sévir contre ceux qui gaspillent.

Pour le moment, on demande aux habitants de la ville de limiter leurs douches à 90 secondes et d’utiliser un seau pour recueillir de l’eau avec laquelle vider la toilette.

Questionné au sujet d’un éventuel «Jour Zéro», Noel Borman, un résidant qui remplissait un contenant d’eau, a dit: «Je ne voudrais même pas être ici».

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