Syrie: les États-Unis consultent leurs alliés
WASHINGTON — Les représentants de l’administration Trump ont consulté leurs alliés internationaux, mardi, pour discuter d’une possible intervention militaire contre le régime syrien de Bachar al-Assad, qui est soupçonné d’avoir mené une attaque au gaz chimique la fin de semaine dernière.
Le président américain Donald Trump, qui a annulé sa présence au Sommet des Amériques pour pouvoir gérer la situation dans les prochains jours, a eu des contacts avec ses alliés et selon certains responsables américains, les États-Unis, le Royaume-Uni et de la France envisageraient la possibilité de lancer une campagne de frappes militaires en Syrie d’ici la fin de la semaine.
Aucun des pays n’a pris une décision finale, selon ces représentants américains, qui ont requis l’anonymat puisqu’ils ne pouvaient pas discuter publiquement de cette question.
Une opération militaire, qui serait possiblement dirigée par la France plutôt que par les États-Unis, pourrait envoyer un message d’unité internationale pour appliquer l’interdiction des armes chimiques et contester les appuis de la Russie et de l’Iran au régime Assad.
Le président français Emmanuel Macron a affirmé que la France, les États-Unis et le Royaume-Uni prendraient une décision dans les prochains jours. Il a appelé à une «réaction unie et forte» contre l’attaque dans la ville de Douma, survenue samedi, qui a fait 40 morts, selon les militants et secouristes syriens. Le gouvernement syrien nie toute responsabilité.
Le président Macron n’a pas besoin de l’appui des parlementaires pour lancer une opération militaire.
Selon un responsable américain, les trois pays évalueraient plusieurs options, qui seraient apparemment plus larges qu’une intervention d’un seul jour comme cela s’est produit il y a un an. Dans la foulée d’une attaque alléguée au gaz sarin en Syrie, les Américains avaient bombardé une base aérienne du régime syrien, mais cela ne semble pas avoir dissuadé le président Bachar al-Assad à utiliser de telles armes.
L’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques a annoncé qu’elle enverrait «sous peu» des enquêteurs à Douma après avoir reçu la demande du gouvernement syrien et de la Russie. Impossible de savoir pour l’instant si cela pourrait avoir pour effet de reporter l’intervention des alliés.
En vertu d’un accord datant de 2013, dont la Russie s’était portée garante, la Syrie devait éliminer toutes ses armes chimiques. Le pays a cependant utilisé du chlore et d’autres produits chimiques depuis ce temps.
Deux résolutions de l’ONU rejetées
Par ailleurs, la Russie a apposé son veto à une résolution rédigée par les Américains au Conseil de sécurité des Nations unies qui visait à condamner l’attaque chimique et à instaurer un nouvel organe d’experts pour enquêter sur la responsabilité de la Syrie.
Parmi les 15 membres du conseil, 12 ont voté en faveur, tandis que la Bolivie et la Russie ont rejeté la proposition. La Chine s’est abstenue.
La Russie est revenue à la charge en présentant sa propre résolution, qui prévoyait l’ouverture d’une enquête sur l’attaque, mais qui serait menée par un organe d’experts déjà en place.
La résolution, qui devait recevoir l’appui d’au moins neuf pays, a été acceptée par seulement cinq d’entre eux. Quatre ont voté contre, et six se sont abstenus.
L’ambassadrice des États-Unis Nikki Haley a soutenu que la résolution russe aurait permis à Moscou de mettre son veto sur les choix des enquêteurs et du personnel pour l’organe, et même de bloquer ses conclusions.