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Choc frontal entre Trump et Rohani à l’ONU

President Donald Trump addresses the 73rd session of the United Nations General Assembly, at U.N. headquarters, Tuesday, Sept. 25, 2018. A sound of sudden, loud and unexpected laughter was directed at Trump as he addressed global leaders at the United Nations, and it was witnessed by an audience of tens of millions viewing immediate clips online of a humiliating moment for Donald Trump. The laughter followed Trump’s boasts that "in less than two years, my administration has accomplished more than almost any administration in the history of our country." (AP Photo/Richard Drew, File) Photo: AP

Donald Trump appelle à isoler Téhéran, Hassan Rohani accuse Washington de chercher à renverser le régime: les présidents américain et iranien se sont affrontés mardi à l’ONU par discours interposés.

L’Europe, en désaccord avec la stratégie américaine, a elle aussi donné de la voix au milieu de cet échange musclé entre les deux dirigeants, qui ont exclu de se rencontrer à New York.

Pour sa deuxième allocution devant l’Assemblée générale de l’ONU, le tempétueux locataire de la Maison Blanche a fait l’éloge de la “souveraineté” et dénoncé “l’idéologie du mondialisme”, tout en optant pour un ton moins guerrier qu’en 2017.

Dans un contraste saisissant avec sa première allocution, lorsqu’il avait menacé de “détruire totalement” la Corée du Nord, il a vanté le dialogue “audacieux” amorcé avec le régime reclus en vue de sa dénucléarisation.

Propos longtemps inimaginables dans la bouche d’un président des États-Unis, il est allé jusqu’à louer le “courage” de l’homme fort de Pyongyang, Kim Jong Un, jadis affublé du surnom moqueur de “Rocket Man”.

C’est, sans surprise, à l’Iran, qualifié de “dictature corrompue”, qu’il a réservé ses flèches les plus aiguisées.

“Nous ne pouvons pas permettre au principal soutien du terrorisme dans le monde de posséder les armes les plus dangereuses de la planète” ou de “menacer l’Amérique” ou Israël, a-t-il martelé, appelant “toutes les nations” à isoler le régime iranien.

Intervenant un peu plus tard à la même tribune de la grand-messe mondiale annuelle, son homologue iranien a dénoncé la volonté de changement de régime qui anime à ses yeux la Maison Blanche.

“Il est paradoxal que les États-Unis ne cherchent même pas à cacher leur plan visant à renverser le gouvernement alors même qu’ils invitent à des pourparlers”, a lancé Hassan Rohani.

Le président Trump a claqué la porte en mai, au grand dam de ses alliés européens, de l’accord nucléaire de 2015, visant à empêcher la République islamique de se doter de la bombe atomique. Il a rétabli toutes les sanctions contre Téhéran, et espère faire plier le régime iranien pour qu’il négocie un futur traité à ses conditions draconiennes.

“Comment pouvons-nous entamer des pourparlers avec une administration qui se conduit aussi mal?”, a balayé le président Rohani, dénonçant le “terrorisme économique” que représentent pour lui les sanctions.

Les seules négociations possibles doivent avoir lieu à l’ONU et sur la base de l’accord “déchiré” par Washington, a-t-il plaidé.

Le président français Emmanuel Macron, qui se targue de pouvoir parler aux deux dirigeants ennemis et dont le discours était comme symboliquement intercalé entre les leurs, s’est nettement démarqué de son homologue américain.

“Qu’est-ce qui permettra de régler véritablement la situation en Iran? (…) La loi du plus fort? La pression d’un seul? Non!”, a-t-il martelé, appelant au dialogue pour sortir de l’impasse.

Lundi soir, les Européens ont annoncé, dans une décision-camouflet pour la Maison Blanche, la création d’un mécanisme visant à préserver leurs échanges avec l’Iran tout en échappant aux sanctions américaines.

Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo s’est dit “profondément déçu” par cette annonce. “J’imagine que les ayatollahs corrompus (…) ont dû bien rire ce matin” en apprenant cette décision, a-t-il ironisé.

L’escalade verbale devrait se poursuivre mercredi. M. Trump a en effet convoqué une réunion inédite du Conseil de sécurité centrée sur l’Iran, qui sera suivie d’une conférence de presse de M. Rohani.

Pour Ali Vaez, de l’International Crisis Group, les Américains ne font rien pour faire revenir les Iraniens à la table des négociations. “Il est crucial de faire baisser les tensions entre Téhéran et Washington, mais les insultes rendent cette hypothèse moins probable”, a-t-il observé.

A la tribune de l’ONU, Donald Trump s’en est pris tour à tour à la Chine et ses pratiques commerciales jugées déloyales, aux pays de l’Opep, accusés “d’arnaquer le reste du monde” et à la Cour pénale internationale (CPI), qui n’a a ses yeux ni légitimité ni autorité.

Fait rare dans cette prestigieuse enceinte où se rassemblent tous les ans les 193 États membres de l’ONU, le début de l’allocution du 45e président des États-Unis a été accueillie par… des rires.

Reprenant un argument régulièrement développé sur les estrades de campagne, M. Trump a vanté ses succès économiques et affirmé avoir accompli plus depuis son arrivée au pouvoir que tout autre président dans l’Histoire des États-Unis.

Lorsque que quelques rires ont fusé, il a a marqué une pause. “Je ne m’attendais pas à cette réaction, mais ça va”, a-t-il répondu, amusé.

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