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Gilets jaunes: un an de semi-liberté pour l’ex-boxeur qui a frappé des gendarmes

Benoit Peyrucq/AFP Photo: AFP
Rédaction - Agence France-Presse

Un ex-boxeur ayant frappé deux gendarmes le 5 janvier pendant une manifestation de «gilets jaunes», Christophe Dettinger, a été condamné mercredi à Paris à un an de prison ferme et 18 mois avec sursis, mais il ne devra passer que ses nuits en prison.

Le procureur avait requis trois ans, dont un avec sursis, et demandé son maintien en détention, pour un geste d’une «violence inouïe».

L’ancien champion de France 2007 et 2008 des lourds-légers, écroué depuis son interpellation, risquait sept ans pour «violences volontaires en réunion sur personnes dépositaires de l’autorité publique».

Sa peine d’un an de prison ferme est aménageable en semi-liberté, a décidé le tribunal correctionnel de Paris, tandis que les 18 mois de sursis sont assortis d’une mise à l’épreuve.

«M. Dettinger, cela veut dire que ce soir vous dormez en prison. D’ici cinq jours, vous passerez devant le juge d’application des peines d’Evry [non loin de la capitale, NDLR], qui va mettre en place un régime de semi-liberté : vous dormirez en prison, mais vous pourrez continuer à travailler», a expliqué la présidente du tribunal.

L’ex-boxeur a également été condamné à une interdiction de séjour à Paris pendant six mois et à indemniser ses victimes, respectivement à hauteur de 2000 et 3000 euros.

La joie a éclaté à l’extérieur de la salle, une fois la «bonne nouvelle» digérée par sa famille et ses proches.

«J’ai voulu empêcher une injustice et j’en ai créé une autre», avait raconté pendant son procès Christophe Dettinger, cheveux ras et fine moustache, affirmant regretter une «erreur» qu’il a expliquée par la «violence» subie par les manifestants.

«Ces scènes sont d’une violence inouïe et doivent être sanctionnées», avait de son côté déclaré le représentant du ministère public.

Le 5 janvier, au cours de la huitième journée de manifestation des gilets jaunes, un mouvement social émaillé de violences qui dure depuis trois mois, l’ancien champion, un père de famille de 37 ans, fonctionnaire en banlieue parisienne, avait été filmé assénant une série de coups de poing à un gendarme sur une passerelle surplombant la Seine à Paris, avant de frapper un de ses collègues à terre.

Lui faisant face, un seul de ces deux gendarmes était présent. Son collègue, toujours en arrêt de travail, n’était «pas en état» de se présenter, ont assuré ses avocats.

L’audience a commencé par la projection de vidéos amateur, devenues virales, montrant Christophe Dettinger asséner les coups.

«Je cherche ma femme, je vois des coups de matraque de gendarmes donnés à des gilets jaunes. Bam, bam, bam. Je ne comprenais pas. Je vois une dame au sol, un coup de pied et un coup de matraque levée, c’est là que je me jette sur le gendarme et je tape», a-t-il déclaré d’une traite, très calme.

«Vous êtes en colère ?», lui a demandé la présidente. «Je défends cette dame au sol. Quand je vois une injustice, je réagis. Tout est allé très, très vite», a-t-il répondu.

Un débat s’est engagé pour savoir si un des gendarmes avait donné ou non un coup de pied à une femme à terre. Cette dernière, petit gabarit et cheveux fuchsia, est allée à la barre confirmer qu’elle avait «pris des coups». «Je me suis mise en boule. J’avais peur de perdre mon dentier. Ben oui, j’ai un dentier à 37 ans», avait-elle témoigné.

«Oui, madame le président. Il y a une colère extrême qui est montée et voilà», a raconté Christophe Dettinger, affirmant avoir «honte, tellement honte».

Le procureur a voulu connaître l’effet que cela lui avait fait de voir un homme à terre être roué de coups. «Ce n’est pas une belle image. En voulant empêcher une injustice, j’en ai créé une autre», a lâché le boxeur.

Comme dans les matches de boxe, «il y a des règles dans la vie», a souligné le procureur. «Cela faisait huit manifs qu’il n’y avait pas de règles», a rétorqué le prévenu. «J’aurais dû juste pousser».

À la barre, l’un des gendarmes frappés a nié avoir donné des coups de matraque contrairement à ce qu’a prétendu Christophe Dettinger, dont les poings l’ont fait vaciller à plusieurs reprises, alors qu’il avait reçu l’ordre de reculer.

Le Premier ministre Édouard Philippe a quant à lui averti mercredi soir qu’il n’était «pas question» d’accorder une amnistie aux gilets jaunes condamnés depuis le début du mouvement.

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