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Syrie: l’EI résiste dans sa dernière poche face aux forces kurdo-arabes

Les combattants de la coalition des forces démocratiques syriennes (SDF) soutenue par les Etats-Unis se reposent pendant une opération visant à expulser les djihadistes du groupe État islamique (EI) de leur dernier bastion, à Baghouz, dans la province syrienne de Deir Ezzor, en février 16, 2019. - Les combattants djihadistes du dernier groupe "État islamique" le 16 février ont été terrés dans un demi-kilomètre carré d'un village de l'est de la Syrie. Le président Donald Trump avait annoncé que la chute du proto-Etat de l'Etat islamique serait déclarée le 16 février, mais un commandant syrien a déclaré que ses forces soutenues par les Etats-Unis avaient ralenti leur avancée pour protéger les civils. (Photo de Delil souleiman / AFP) Photo: AFP

Quelques poignées de jihadistes défendent dimanche obstinément le dernier lambeau du « califat » du groupe Etat islamique (EI), terrés dans leur réduit de l’est syrien et empêchant les civils de fuir, face à l’offensive des forces arabo-kurdes soutenues par la coalition internationale.

Les Forces démocratiques syriennes (FDS) ont prévu d’annoncer leur victoire sur l’EI « dans les prochains jours », mais les jihadistes, terrés dans une poche du village de Baghouz de moins d’un demi-kilomètre carré, livrent une résistance farouche.

Depuis plusieurs jours, le président américain Donald Trump promet lui aussi une défaite de l’organisation ultraradicale. Dimanche, il a exhorté ses alliés européens à rapatrier et juger les centaines de jihadistes étrangers arrêtés en Syrie par les FDS au fil de leurs batailles.

Mais, dans la province de Deir Ezzor, frontalière de l’Irak, l’ultime bataille des forces arabo-kurdes piétine, malgré le soutien de la coalition emmenée par Washington.

Les jihadistes ont enfoui un océan de mines et creusé des tunnels pour se cacher. Ils lancent régulièrement des attaques kamikazes et empêchent les civils de sortir, disent les FDS.

Dimanche, près de Baghouz, une zone d’accueil mise en place pour ceux qui fuient le réduit jihadiste était déserte, a constaté une équipe de l’AFP, les dizaines de tentes et les camionnettes utilisées pour le transport restant vides.

« Cela fait deux jours que personne n’est sorti », a indiqué à l’AFP un combattant des FDS.

« L’EI a bouclé toutes les rues » de son secteur à Baghouz, a expliqué un porte-parole des FDS Mustefa Bali, précisant que 2.000 civils pourraient encore se trouver dans le réduit.

Les jihadistes sont acculés « dans quelques centaines de mètres carrés et retiennent en otage un certain nombre de civils qu’ils refusent de libérer », avait-il indiqué sur Twitter.

Boucliers humains
« Les civils qui se sont échappés racontent que l’EI les utilise comme boucliers humains », a confirmé dimanche le porte-parole de la coalition internationale, le colonel Sean Ryan.

Depuis début décembre, près de 40.000 personnes ont fui le secteur, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). Parmi eux, principalement des familles de jihadistes, et notamment des Français, des Allemands, et surtout de nombreux Irakiens, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Après une montée en puissance fulgurante en 2014 et la conquête de vastes régions en Syrie et en Irak, l’EI avait proclamé un « califat » sur un territoire vaste comme la Grande-Bretagne.

Les jihadistes y avaient établi leur propre administration, exécutant et torturant ceux qui ne respectaient pas leur loi et fomentant des attentats meurtriers y compris à l’étranger.

M. Trump avait assuré que la fin du « califat » de l’EI serait annoncée sous peu. Dimanche, il a indiqué sur Twitter que le « califat » était « prêt à tomber ».

« Les Etats-Unis demandent à la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne et aux autres alliés européens de reprendre plus de 800 combattants de l’EI que nous avons capturés en Syrie afin de les traduire en justice », a-t-il également déclaré.

« Il n’y a pas d’alternative car nous serions forcés de les libérer. Les Etats-Unis ne veulent pas que ces combattants de l’EI se répandent en Europe », a-t-il fait valoir.

Ce dossier est un véritable casse-tête pour l’administration semi-autonome kurde qui appelle régulièrement les pays occidentaux à rapatrier leurs ressortissants.

Cellules dormantes
L’annonce d’une victoire contre les jihadistes pourrait enclencher le retrait des quelque 2.000 militaires américains déployés en Syrie, un désengagement promis en décembre par M. Trump.

« Ce ne sera pas un retrait abrupt », a indiqué dimanche l’émissaire des Etats-Unis pour la Syrie, James Jeffrey, lors de la Conférence sur la sécurité à Munich, en Allemagne.

Désignant les « cellules dormantes » et les « milliers » de jihadistes « éparpillés », M. Jeffrey a précisé que « la poursuite de la lutte contre l’EI » resterait l’un des objectifs de Washington même « une fois que la bataille finale contre le califat sera terminée, dans un jour ou plus ».

En Syrie, les jihadistes sont encore dispersés dans le vaste désert central de la badiya et revendiquent des attaques parfois meurtrières menées par des « cellules dormantes » dans les régions contrôlées par les FDS.

En l’absence d’un engagement antiterroriste soutenu, il faudrait à l’EI de six à 12 mois pour entamer une « résurgence » et « reconquérir des territoires restreints », a récemment averti l’armée américaine dans un rapport.

La bataille anti-EI représente aujourd’hui le principal front de la guerre en Syrie qui a fait plus de 360.000 morts et des millions de déplacés et réfugiés depuis 2011.

Le régime de Bachar al-Assad, aidé par ses alliés russe et iranien, contrôle désormais près des deux tiers du pays, après avoir enchaîné les victoires face aux rebelles et jihadistes.

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